Profitant hier 4 mars de la traditionnelle montée des couleurs, le premier ministre de la Transition, Me Apollinaire Kyélèm de Tambèla a rejeté en bloc les critiques émises contre le processus de création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) dont les auteurs ne sont que valets locaux des l’impérialisme qui, " au lieu de se tourner vers leurs peuples, ont le regard tourné vers leur empereur qu’ils servent à volonté contre quelques subsides"
Verbatim

Mesdames et messieurs, permettez-moi à cette occasion de revenir sur des événements récents dans la sous-région. Le 28 janvier dernier, l’Alliance des Etats du Sahel a décidé de se retirer sans délai de la CEDEAO. A la suite de cela, des valets locaux de l’impérialisme ont voulu remettre en cause la procédure en prétendant que le peuple n’a pas été consulté. Faisons simple pour être compris. C’est quoi l’impérialisme ? Le mot impérialisme vient du mot latin impérium, qui signifie empire ; l’impérialisme est donc relatif à tout ce qui prétend exercer son empire sur les autres ou sur quoi que ce soit.
L’empereur a toujours besoin de serviteurs zélés pour l’aider à administrer son empire selon sa vision : ce sont des valets locaux qui, au lieu de se tourner vers leurs peuples, ont le regard tourné vers leur empereur qu’ils servent à volonté contre quelques subsides.
Je rappelle que quand Ouagadougou a été conquise par les Français le 1er septembre 1896, de l’aveu même du Lieutenant Voulez, commandant de la troupe coloniale partie de Bandiagara, il y avait en tout et pour tout, 217 soldats dont seulement quatre Français, soit deux officiers et deux sous-officiers ; les 213 autres étaient tous des Africains qui massacraient leurs frères pour servir l’impérialisme français ; cela a été la même chose lors de la traite négrière . De nos jours, la situation n’a pas changé ; ce sont des Africains qui ont été utilisés à travers la CEDEAO pour détruire d’autres africains ; les valets locaux sont toujours là, plus nombreux que jamais, prêts à se servir de n’importe quel moyen pour traduire leur fidélité à leurs maîtres impérialistes et surtout veiller à ce que leurs maîtres ne doutent jamais de leur fidélité en actes et en paroles.
Alors oui, pour ce qui est de la création de l’AES, le peuple n’a pas été consulté si on reste dans le canevas de la domination que l’impérialisme a secrété pour étouffer l’émancipation des masses et lui permettre par ses méthodes de poursuivre sa domination.
Néanmoins, je rappelle que le conseil des ministres du 28 février 2024 a adopté un projet de loi portant autorisation de ratification de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’AES ; alors, où se trouve le problème ?
Permettez-moi cependant de poser une question : quand le 28 mai 1975, on mettait en place la CEDEAO, le peuple avait-il été consulté au préalable ? Quand la Communauté économique d’Afrique de l’ouest, la CEAO a été dissoute le 15 mars 1994, y a t-il eu une consultation du peuple à priori ou à postériori ? Répondez ?
Auparavant, les mêmes valets de l’impérialisme avaient soutenu que la création de l’AES aurait dû faire l’objet d’un référendum. Permettez-moi encore de poser quelques questions : y a t-il eu référendum quand on mettait en place le conseil de l’Entente le 29 mai 1959 ? Quand en 1963 se créait l’Organisation de l’unité africaine, quand le 3 juin 1966 on mettait en place l’union douanière des Etats de l’Afrique de l’ouest (UDEAO) qui allait devenir la CEAO, quand le 17 avril 1973, on créait la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, y a t-il eu chaque fois référendum ? Alors, leur acharnement aveugle contre les régimes de transition au Mali, au Burina et au Niger les amène à être hors de raison, à la limite du ridicule.
Les valets locaux de l’impérialisme tentent aussi de troubler la conscience des honnêtes citoyens en essayant de confondre les gens avec la notion de légitimité. Ils n’ont pas tout à fait tort, car il y a deux sortes de légitimité : la légitimé de façade, fruit de l’aliénation politique et culturelle qu’ils revendiquent et la légitimé populaire, réelle et authentique que nous revendiquons.
Il suffit de parcourir les villes et les campagnes pour s’en convaincre. La légitimité de façade, celle que réclament les valets locaux est une légitimité factice qui n’est qu’un maquillage destiné à plaire à leurs maitres impérialistes ; c’est la légitimé néocoloniale qui repose sur des financements, des indications, des orientations et des instructions des Etats impérialistes et des institutions à la solde de l’impérialisme comme la CEDEAO et tant d’autres que vous connaissez mais que je ne citerai pas ici.
La légitimé de façade pour nous pays, celle que les maitres et les valets locaux leur ont appris dans leurs manuels de droit constitutionnel, lesquels manuels ont été écrits non pas pour nos sociétés, mais pour leurs propres sociétés. Je lance un défi aux valets locaux de trouver le nom du Burkina Faso et ses multiples sociétés dans les dits manuels ; les valets locaux oublient ou font semblant d’oublier que nous aussi, nous avons nos manuels de droit constitutionnel qui sont encrés dans nos traditions, nos coutumes, nos aspirations ; ils font semblant d’oublier que nos sociétés se sont gouvernées pendant des millénaires dans la méconnaissance totale de leurs manuels à eux ; ce n’est pas parce que nous avons subi l’aliénation que nous n’avons pas le droit ni la capacité de penser, de réfléchir, de nous désaliéner. Honte à celui qui ne fait pas mieux que son père ! Honte à celui qui préfère les liens de l’esclavage mental, intellectuelle spirituelle et culturelle à la renaissance dans la liberté ! On nous parle souvent de conventions de Genève, de Paris, de la Haye, de New-York, etc., comme ces villes sont loin de nous, géographiquement, historiquement et culturellement ; en quoi ces conventions ont pris en compte nos réalités ? ne sont-elles pas plutôt autant de carcans dressés contre nous pour nous maintenir à la place qu’on a choisie pour nous tout en nous flattant d’être semblables aux autres ? La réflexion est lancée. Heureusement, il y a aussi la légitimité populaire, authentique qui est la vraie légitimité, gage de stabilité et de progrès. Nos ancêtres n’organisaient pas périodiquement des élections factices, financées, surveillées et avalisées par des étrangers comme on le fait actuellement dans nos pays ; mais nos royaumes, nos sociétés ont connu la stabilité pendant des siècles ; ils évoluaient en harmonie dans leur milieu.
La légitimité populaire, celle dont bénéficie le régime de transition au Mali, au Burkina et au Niger trouve son essence dans la confiance du peuple qui le témoigne et le manifeste de façon directe et sans fards .Nous sommes pour une telle légitimité débarrassée des artifices et des manœuvres subtiles de domination que feignent d’ignorer les valets locaux de l’impérialisme ; l’impérialisme dont l’objectif est d’user de tous les moyens pour garder nos pays dans son juron ; il est temps que cela cesse.
La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Me Apollinaire Kyélèm de Tambèla, premier ministre du Burkina Faso