Le gouvernement chercherait-il à saper l’un des piliers de la république, en l’occurrence la Justice, et à fragiliser davantage la confiance que les citoyens ont vis à vis de l’institution judiciaire qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Dans l’affaite dite "démolition d’une mosquée à Pazanni" dans l’arrondissement N°9 de Ouagadougou, et parait-il, dans le souci de préserver la cohésion sociale, le gouvernement vient de prendre une décision qui déroute le bon sens républicain et interpelle les citoyens attachés à l’indépendance de la justice et à la laïcité de l’état burkinabè telles que prescrit par l’article 31 de la constitution.
L’affaire, faut-il le rappeler, opposait Jacques Ouédraogo, propriétaire légal d’un terrain sur lequel une association musulmane y a construit une mosquée. Une flagrante violation du droit de propriété, également reconnu dans notre loi fondamentale et qui a été réprimée par la justice, laquelle a ordonné par la suite, la destruction de l’édifice religieux. Nous sommes en octobre 2020.
S’en est suivi, on s’en souvient, des manifestations de protestation des musulmans de l’arrondissement N°9, avec parfois des menaces extrêmement graves proférées contre le propriétaire du terrain. Le gouvernement s’est donc invité dans l’affaire, ce qui est son devoir, en expropriant le terrain "pour cause d’utilité publique". Cette décision, disons-le tout net, est déjà un déni de justice et une atteinte au droit de propriété. Mais le pire reste à venir. Hier 6 mai, dans un communiqué rendu public, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, (MATD) Clément Sawadogo, a annoncé, sans trembler, " l’attribution dudit terrain à la Fédération des Associations Islamiques du Burkina Faso (FAIB) à l’effet de permettre la réalisation de toute infrastructure ou toute activité en faveur de la communauté islamique". Le gouvernement vient ainsi de légaliser le brigandage collectif et promu la loi du plus fort. "La cession d’un autre terrain à Monsieur OUEDRAOGO Jacques, attributaire légal du terrain litigieux, en guise de compensation", n’y change rien au caractère arbitraire et inique de la décision gouvernementale.Pourquoi le gouvernement n’a t-il pas entériné la décision rendue par la justice de la république et pour ensuite, au nom de la paix sociale user de son droit de préemption pour trouver un autre terrain à la FAIB ?
En expropriant Jacques Ouédraogo au profit de la faîtière des associations islamiques du Burkina, le gouvernement crée un précédent dangereux qui met à mal la cohésion sociale dont il affirme pourtant se soucier. La jurisprudence "Panzani" est ontologiquement confligène et constitue un pas en arrière dans le processus de construction de la nation burkinabè.
Désormais, dans notre pays, il est possible pour un groupe de hors la loi, de s’approprier les biens d’autrui avec la bénédiction de la puissance publique.
Par son communiqué, le gouvernement a signé, de toute évidence, la défaite de la république et de l’état de droit.
Désespérant !

Joachim Vokouma
Kaceto.net