Hier matin, le premier ministre Christophe Dabiré était devant la représentation nationale pour prononcer son discours sur l’état de la nation. Un exercice au cours duquel il a défendu les résultats de la politique menée par son gouvernement en 2020 en réponse aux préoccupations des Burkinabè

Après son discours de politique générale prononcé le 4 février dernier, le premier ministre Christophe Dabiré était hier 19 mai devant la représentation nationale pour cette fois-ci, défendre le bilan 2020 de son gouvernement.
Au plan sécuritaire, principal préoccupation des Burkinabè, le chef du gouvernement a indiqué que dans le cadre de la loi de programmation militaire 2018-2022, des moyens logistiques et matériels de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont été renforcés et que le maillage du territoire s’est poursuivi. L’adoption de la loi portant institution de Volontaires pour la Défense de la Patrie, le 12 mars 2020, a permis de renforcer le dispositif sécuritaire et de contrer l’action des terroristes dans plusieurs localités. Bien entendu, la persistance des attaques montre que des corrections doivent être apportées à tous les niveaux dans le combat contre l’hydre terroriste.
Conscient que l’action militaire seule n’est pas suffisante, le gouvernement a activé d’autres leviers, notamment en matière de développement dans les zones à défis sécuritaires, par des réalisations d’infrastructures sociales, économiques et sécuritaires. "Ces actions ont été menées dans le cadre du Programme d’urgence pour le Sahel élargi et du Programme de développement des économies locales (PADEL)", a t-il indiqué, précisant qu’environ 242 milliards FCFA avaient été investis "notamment dans la réalisation de forages, de formations sanitaires, d’écoles primaires, de pistes rurales ainsi que dans la construction de commissariats et dans les transferts monétaires aux ménages vulnérables". A quoi s’ajoutent la prise en charge humanitaires de 1,2 million de déplacés internes en provision de vivres et les campagnes de sensibilisation contre l’extrémisme violent auquel sont exposés de jeunes Burkinabè.
Au plan sanitaire, le gouvernement a dans un premier temps, adopté un Plan de préparation et de riposte d’un coût d’environ 160 milliards de FCFA pour endiguer la transmission communautaire de la COVID-19. Puis dans un deuxième temps, un plan d’un coût de 391 milliards FCFA qui prend en compte les mesures sanitaires, mais aussi la couverture des mesures sociales et de relance économique annoncées décidées par le président Kaboré dans son discours du 02 avril 2020.
Selon le premier ministre, l’ensemble des mesures mises en oeuvre ont permis de contenir la propagation de la pandémie. Et même si la catastrophe annoncée par certains n’a pas eu lieu, il a rappelé au respect des mesures barrières car la maladie est encore là. Mieux, après avoir traîné les pieds, les gouvernement s’est résolu à introduire le vaccin dans notre pays.
Le double scrutin présidentiel et législatif de novembre 2020 était était pour beaucoup un rendez-vous à hauts risques. Mais au final, tout s’est bien passé et les résultats du scrutin, auquel ont participé pour la première fois les Burkinabè de l’extérieur, ont été acceptés. Reste à parachever le cycle électoral par l’organisation des municipales en mai-juin 2021.

S’exprimant sur l’état de l’économie burkinabè, Christophe Dabiré a indiqué que " notre pays a fait preuve d’une forte capacité de résilience aux aléas de tous genres" en réalisant un taux de croissance économique annuel moyen de 6,2%, entre 2016 et 2019 avant de fléchir à 2,5% en 2020 avec toutefois une inflation contenue à 1,4%. Au cours de l’année écoulée, le Fonds minier de développement local a été enfin rendu opérationnel et 77,7 milliards FCFA ont été mobilisés dans le financement des plans communaux de développement.
Le premier ministre s’est attardé sur les réformes visant à moderniser l’administration publique par la digitalisation des services : inscription en ligne pour les concours, correction en ligne des épreuves, mise en place d’une système e-civil dans l’optique d’une généralisation du registre civil national, digitalisation de l’administration fiscale qui a permis d’accroître les recettes de 8,6% en moyenne par an, entre 2016 et 2020.
Dans le domaine de l’énergie, le gouvernement assure avoir" porté la puissance électrique disponible du pays de 325 Mégawatts en 2015 à 800 Mégawatts en 2020 et faire passer le nombre de localités électrifiées de 552 à 1 511 sur la même période".
Le premier ministre se réjouit de l’acception par le Millénium Challenge Corporation, du second compact du Burkina Faso, centré sur l’énergie et espère que ce programme permettra de répondre en partie aux besoins de consommation des Burkinabè en énergie.
S’agissant des infrastructures routières, le gouvernement affirme avoir achevé 1 028 km de routes en travaux de bitumage, engagé le bitumage de 1 192 autres kilomètres et achevé l’aménagement de 2135 km sont achevés.
Dans le secteur de l’artisanat qui contribue pour 30% à la formation du Produit intérieur brut (PIB), de nouvelles unités de transformation ont été implantées et certains produits ont été labellisés, notamment le Faso Dan Fani et le chapeau de Saponé. Grâce à des mesures de protection et de lutte contre la fraude, des productions nationales comme le sucre et l’huile ont pu être écoulées, au grand bonheur des consommateurs et des salariés des unités de production.
Devenu un pays minier depuis une décennie, la production d’or ne cesse d’augmenter au fil du temps, passant de 36,5 tonnes en 2015 à plus de 60 tonnes en 2020.
"Cela a permis de faire passer la contribution aux recettes du budget de l’Etat, de 168,5 milliards FCFA en 2015 à 322,3 milliards de FCFA en 2020", souligne le premier ministre.
S’exprimant sur l’éducation, un secteur en pleine ébullition depuis quelques semaines avec les manifestations des élèves contre les réformes entreprises par le ministère de l’Education nationale, le premier ministre a noté que les examens se sont bien déroulés en 2020 malgré le contexte sanitaire de la COVID-19, y compris dans les zones frappées par l’insécurité. Comme une réponse aux associations des élèves et aux syndicats d’enseignants, Christophe Dabiré appelle "tous les acteurs du système éducatif et particulièrement les élèves, à cesser les violences inacceptables dans les établissements d’enseignement et à reprendre les cours, afin de terminer l’année scolaire" et à se préparer pour participer aux assises nationales sur l’éducation en préparation et qui permettront de "penser l’école de demain".

Joachim Vokouma
Kaceto.net