Le deuxième congrès ordinaire de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) s’est ouvert hier 7 août dans la salle de conférence de Ouaga 2000 sous le thème : "Quelles réformes organisationnelles et institutionnelles pour une FAIB plus forte". Le président du Faso, le président de l’Assemblée nationale et le ministre d’Etat ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, ministre de tutelle, Clément Sawadogo et le ministre de l’Economie, des finances et du développement Lassané Kaboré ont assisté à la cérémonie d’ouverture.

A neuf (9) heures pile, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a fait son entrée dans la salle où l’attendaient des milliers de congressistes venus des 45 provinces pour prendre part aux travaux du deuxième congrès ordinaire de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB).
Dans son discours d’ouverture, le président du présidium, Omar Zoungrana s’est réjoui de compter le président Kaboré parmi eux, de même que le président de l’Assemblée nationale, Balla Sakandé, ainsi que le ministre de tutelle, Clément Sawadogo et le grand argentier du Burkina, Lassané Kaboré. "C’est la preuve, d’une part, de l’intérêt que vous portez à la faîtière des associations islamiques du Burkina, ainsi qu’aux préoccupations des musulmans de notre pays, et, d’autre part, de votre engagement dans l’accompagnement des différentes communautés religieuses au Burkina Faso » a déclaré le patron de la FAIB à l’endroit du président du Faso.
Il a profité de l’occasion pour rappeler que l’islam est une religion de paix et que les musulmans soutiennent sans réserve la lutte contre les terroristes qui commettent des actes contraires aux principes de l’islam.

Le deuxième congrès de la faîtière des associations islamiques du Burkina se tient dans un contexte marqué par l’insécurité et la pandémie de la COVID-19. Les musulmans du Burkina, qui sont d’abord des citoyens, entendent plus que jamais prendre part activement à la vie socio-politique du pays. Pour cela, ils doivent être mieux organisés à travers les associations et assurer une bonne structuration de la FAIB. Dans le passé, depuis sa création en 2005, la FAIB est devenue un acteur clé de l’organisation du pèlerinage à la Mecque, a participé aux travaux de rédaction de la nouvelle constitution qui attend toujours d’être adoptée, ainsi qu’à la conférence sur la remise à plat du système de rémunération des agents de la fonction publique et aux débats préparatoires de la loi sur la liberté religieuse.
La FAIB, faut-il le rappeler, est composée de quatre grande entités : la Communauté musulmane, le Mouvement sunnite, la Tidjiania et l’Ishtihad, à quoi s’ajoutent le Cerfi et l’Aeemb qui ne sont pas membres du présidium. La présidence est assurée de manière alternée par les quatre entités pour une durée d’un an. A ces entités de dimension nationale, s’ajoutent également près de 200 associations locales ou spécifiques comme par exemple le Secours islamique.
Tout l’enjeu de deuxième congrès est de parvenir à faire de la FAIB l’interlocutrice habilitée ou agréée des pouvoirs publics, ce qui n’est pas une mince affaire, sachant qu’il n’y a pas de liens hiérarchiques entre les associations comme chez les catholiques. Le congrès devrait permettre également d’asseoir une politique sociale des musulmans du Burkina ainsi que la définition d’axes prioritaires pour les cinq années à venir. La question foncière sera également au centre des débats qui se mèneront en groupe. " Dans notre pays, beaucoup de musulmans s’installent souvent dans des endroits pour leur prière et après, il y a des problèmes de papiers. Eux estiment parfois qu’ils sont les premiers à occuper les lieux, et un jour, quelqu’un se présente et exhibe des papiers de propriété et ça crée des conflits" explique un imam très influent.

Quant à la question de l’autonomie financière, beaucoup d’associations fonctionnent sur le bénévolat et adressent des demandes d’aide ou de parrainage pour mener leurs activités. Or, avec les dispositifs nationaux et internationaux de lutte contre le terrorisme, il est devenu difficile, voir impossible de bénéficier des soutiens extérieurs alors qu’il y a des arabophones qui ont étudié dans les pays arabes, qui ont gardé des liens avec des associations de bienfaisance et qui auraient pu bénéficier de leurs largesses. "Les conventions internationales obligent maintenant de dire d’où vient l’argent et pourquoi on aide telle ou telle association" poursuit l’imam cité plus haut. "Il faut donc imaginer d’autres sources de financement parce que, contrairement à des idées reçues, la FAIB n’a pas beaucoup d’argent" conclue t-il.
La FAIB devra aussi améliorer la communication avec sa base afin d’éviter les fâcheux malentendus comme celui né suite aux débats sur la liberté religieuse en 2016 auxquels la FAIB a participé, mais qui a manqué de communiquer à ses membres et sympathisants les réserves qu’elle a émises à l’occasion.

En somme, au sortir de ce congrès, c’est une FAIB plus représentative des associations des musulmans du Burkina, financièrement autonome et qui constitue l’unique interlocuteur des pouvoirs publics, qui est attendue.

Dominique Koné
Kaceto.net