Ce matin s’ouvre dans la salle des banquets de Ouaga2000, le procès des présumés assassins du président du Conseil national de la révolution, (CNR) Thomas Sankara et douze (12) de ses compagnons d’infortune, tués le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’Etat qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré, alors numéro 2 du régime.
Dans la forme, la tenue de ce procès est une victoire de la famille du défunt président et de tous ceux qui se sont battus depuis des années afin que la lumière soit faite sur ce qui s’est réellement passé le 15 octobre 1987 et d’établir les responsabilités et les culpabilités des auteurs de cette tragédie. Faut-il le rappeler, c’est sur la plainte déposée par la veuve Sankara et ses enfants en 1997, à quelques semaines de la prescription des faits que l’instruction a été ouverte et confié à un juge, lequel s’est buté durant plusieurs années à d’évidents blocages qui l’ont empêché de faire avancer le dossier. Mais les familles des victimes, les avocats du défunt président Sankara et les membres du Comité international Justice pour Sankara n’ont jamais désespérer.
Survient alors l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a précipité la chute du régime de Blaise Compaoré. Sur le "fait du prince", le dossier est relancé et l’instruction s’accélère. Après moult péripéties, le juge d’instruction parvient à boucler le dossier.
Au total, quatorze (14) personnes sont citées à la barre, à commencer par l’ancien président Blaise Compaoré, puis celui qui était son bras droit en matière de sécurité, le général Gilbert Diendéré qui purge déjà une peine de 20 ans de prison dans l’affaire du putsch "le plus bête du monde" et Hyacinthe Kafando, un des hommes de la garde rapprochée de Blaise Compaoré, et dont on perdu les traces dès qu’il a reçu une convocation du juge d’instruction.
Saura t-on réellement ce qui s’est passé le 15 octobre 1987 ? Qui a tiré sur le président du CNR et éliminé ses camarades qui étaient en séance de travail ? Pourquoi ont-ils été tués ? Qui commandait le commando auteur de cette tragédie ? A t-il agi de son propre chef ou a t-il reçu des ordres ? Auquel cas, de qui ? Qui sont les complicités internes et internationales qui ont contribué à la réussite de ce coup d’Etat sanglant ?
Autant de questions auxquelles le procès devrait permettre d’apporter des réponses. Du moins, un début de réponse d’autant que le principal accusé, Blaise Compaoré ne se présentera pas devant le tribunal. Considéré comme la boite noire du régime de Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré va t-il coopérer et répondre aux questions des juges ? Rien n’est moins sûr !
Pour les familles des victimes, ce procès a toutefois une valeur hautement symbolique. Elles auront le sentiment que la justice leur aura été rendue sans pour autant connaitre la vérité sur ces événements qui bouleversent leurs vies depuis 34 ans. Elles pourront peut-être enfin faire leur deuil, donner un sens nouveau à leur existence et envisager une réconciliation des cœurs.
Quant à son intérêt pédagogique pour le Burkina et les autres pays du continent noir dans la quête d’une voie endogène de leur développement, c’est une autre histoire.

Kaceto.net