Plusieurs centaines de manifestants ont pris d’assaut les rues de la capitale burkinabè pour exprimer leur exaspération vis-à-vis de la croissante dégradation de la situation sécuritaire et demander la démission du président Roch Marc Christian Kaboré. D’autres manifestations ont également eu lieu à Bobo-Dioulasso et à Dori.

La tragédie d’Inata et les circonstances de la mort de 28 gendarmes et de 4 civils le 14 novembre dernier suscite une vague d’indignation et de réprobation chez les Burkinabè. Cette attaque, faut-il le rappeler, est intervenue à 5 heures du matin sur un site minier désaffecté depuis quatre ans et met à nue les dysfonctionnements dans la chaine de commandement militaire dans la lutte contre les terroristes.
C’est au regard de la dégradation continue de la situation sécuritaire et des carences révélées avec l’attaque d’Inata que le Mouvement Sauvons le Burkina a lancé un appel à des manifestations pour dénoncer l’insécurité galopante avec son lot de malheurs et la démission du président Roch Marc Christian Kaboré, accusé de laxisme. Ces manifestations ont eu lieu ce mardi 16 septembre 2021 à Ouagadougou.

Une marche illégale, mais « légitime »

A Ouagadougou, c’est la Place de la Nation qui a été le point de ralliement des manifestants avant que le cortège ne s’ébranle en direction de la Primature. Une ceinture de sécurité constituée d’éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) empêchera les marcheurs de poursuivre le chemin. Les manifestants empruntent alors le chemin qui mène chez le Mogho Naaba dans un concert de slogans hostiles au président Kaboré. Ils entendaient rencontrer le Mogho Naba et lui transmettre un message à l’endroit des autorités politiques du pays. Une délégation d’une dizaine de personne est reçue par celui qui est une référence morale. Les manifestants regagnent ensuite en rangs dispersés leur point de départ.
Le caractère spontané de la marche organisée par une association non encore officiellement reconnue, qui amorce sa construction, a entaché la bonne ténue de la marche. Les marcheurs n’avaient pas de leader clair et les slogans étaient parfois contradictoires et ils n’avaient pas obtenu une autorisation des autorités municipales de manifester. Mais selon celui qui s’est exprimé devant les médias au nom du Mouvement, Mohamed Koumsongo, la légitimité de la marche est évidente et elle prime sur la légalité. Lui et ses camarades ont promis de maintenir la pression sur le pouvoir en place jusqu’à obtenir satisfaction.
A Dori et à Bobo-Dioulasso également, des manifestations ont eu lieu et le marché de la deuxième ville du pays a même été fermé. Mais pour l’essentiel, il n’y a pas eu d’incidents majeurs excepté la nervosité de certains manifestants jeunes à Bobo contre laquelle la police a dû faire usage gaz lacrymogène.

Cheick TRAORE
Kaceto.net