J’ai regardé rapidement ce qu’il y avait autour de l’"ethnie " et de l’"ethnique" dans les titres de publications francophones centrés sur le Burkina Faso sur une décennie (2012-2021). La cartographie sémantique générée permet d’identifier et de visualiser quelques points saillants :

✅ 1. Les ethnies du Burkina Faso qui ont été les plus en vue dans ces titres sont : les Mossé (ou Mossi), les Peuls, les Bobo/Bambara/Dioula, les Kassena, les Dagara, les Gourounsi, les Sénoufo, les Lobi, les Bwa, les Bissa et les Dogons. Rappelons que le Burkina Faso compte plus d’une soixantaine d’ethnies d’importance démographique inégale. Les Mossé sont le groupe ethnique majoritaire (un peu plus de 50% selon les statistiques nationales). Toutes ces ethnies citées dans les titres sont visibles dans la partie bleue de la cartographie sémantique ci-jointe.
✅ 2. La partie « orange » de la cartographie sémantique met en évidence trois principales dimensions de la question ethnique au Burkina Faso :
👉 Il y a la dimension « art, culture et traditions » ethniques dont la richesse, tout le monde en conviendra, est un atout et une chance pour le Burkina Faso et pour chaque Burkinabè ;
👉 Il y a la dimension « origine, appartenance et identité » ethniques. Dimension qui rend compte des processus d’appropriation et de partage individuels et collectifs d’éléments ethnoculturels, mais aussi de distinction des groupes et de stratification sociale. L’appartenance sert souvent, malheureusement, de fondement aux stratégies des groupes visant la préservation et l’augmentation du contrôle des ressources, la définition du statut social et l’édification de bien d’autres valeurs. Il faut donc faire très attention aux dérives fâcheuses qui peuvent s’y glisser ;
👉 Il y a enfin la dimension dénommée « ML_TSP » pour « Marqueurs Langagiers de Troubles Socio-Politiques » plus ou moins importants. Dimension très importante à surveiller de près puisqu’elle réfère aux notions de discrimination, d’exclusion, de stigmatisation, de conflit, de guerre, de violence, d’affrontement, de nettoyage… à caractère dit ethnique ou interethnique, observables notamment en zone rurale, le plus souvent sur fond de différends fonciers. Accordons la plus grande attention et vigilance à cette dimension de la problématique ethnique au Burkina Faso, y compris (j’allais dire surtout) dans nos opérations militaires et dans nos actions et discours politiques, car c’est là où les djihadistes/terroristes et autres acteurs mal intentionnés exploitent nos faiblesses et nos failles pour semer les graines de la division, recruter et faire prospérer leurs lugubres projets.
✅ 3. A ces trois principales dimensions de l’ethnicité mises en scène dans les titres de publications en ligne centrés sur le Burkina Faso s’ajoutent, toujours dans la partie « orange » de la cartographie, les délicates questions religieuses, la problématique de la diversité ethnique (une soixantaine d’ethnies au Burkina), la question des langues, la question des minorités ethniques, la question de gouvernance politique dans ce contexte ethnique global et la question du droit, de la loi et de la justice pour tous.
✅ Je n’en dirai pas plus. Ce ne sont que des « insights sémantiques » que je vous soumets pour susciter la réflexion. Mais je tiens à marquer un regret, celui que la « parenté à plaisanterie » (marquée en vert sur la cartographie), véritable joyau de notre ingénierie du vivre-ensemble dans la paix et l’harmonie sociales, n’ait pas plus de place dans le corpus de titres analysés.

Ousmane SAWADOGO

Expert en Text Mining et Web Content Mining
Kaceto.net