Un frère a fait une publication sur l’esclavage et la traite en Afrique du Nord et de l’Est. Les contradicteurs de cette publication ont apporté de nombreuses réponses que je souhaiterais étudier ici.

1. Le déni.

Pour certains, cela n’a tout simplement pas eu lieu. Je dis, j’affirme et je maintiens que c’est un fait historique prouvé et attesté par de nombreux chercheurs et écrivains arabes. Il suffit de lire Ibn Batuta. Je ne pense pas qu’on peut soupçonner cet historien arabe de vouloir calomnier ses propres frères.

2. La venue de l’islam a mis fin à ce phénomène.

C’est faux, hélas. Aujourd’hui encore, en mai 2022, ça existe dans de nombreux pays ayant subi ou subissant l’influence moyen-orientale. En République Islamique de Mauritanie, il a fallu 11 lois d’abolition. Et l’esclavage existe toujours. Il y a eu une guerre entre le Sénégal et la Mauritanie à cause de cette question. La question des Haratines divise la société et le monde politique en Mauritanie. J’ai pu le vérifier à Bakel, Kaedi et Rosso.

3. Bilal.

On cite abondamment le cas de ce compagnon noir du Prophète Mahomet. Mais on oublie de dire que Bilal était un castrat. C’était des serviteurs castrés pour leur donner une belle voie, dont la tessiture se situe entre le masculin et le féminin. Si un compagnon du Prophète a pu être castré, que dire des captifs ordinaires ? La castration était une pratique répandue, pour empêcher des Africains de procréer avec les femmes des maîtres. C’est ce qui explique la quasi-absence de descendants d’esclaves dans ces pays.

4. Les Européens aussi ont fait des mauvaises choses contre l’Afrique.

En quoi le fait de me signaler un autre malfaiteur diminue la faute du premier malfaiteur ? Le monde chrétien a reconnu sa faute. A pris des lois d’abolition. Le Pape a demandé officiellement pardon pour ces crimes. De l’autre côté, le monde arabo-musulman dresse une barrière de silence. Des Africains dressent eux-mêmes une barrière de dénégations. Où voyez-vous que les deux situations sont comparables ?

5. On s’attaque à l’Islam.

Selon mes très maigres connaissances, la religion dit de dire la vérité et de répudier le mensonge. Je pense que dire la vérité sur un fait réel obéit aux préceptes de l’Islam. Et refuser la vérité, c’est porter un faux témoignage. Je sais qu’il y a une sourate qui condamne le faux témoignage.

6. Il faut demander à ceux qui connaissent.

Ces gens supposés connaitre mieux que moi, ils ont deux cerveaux ? Ils n’ont pas une seule tête contenant un seul cerveau comme tout le monde ? Le Créateur dans sa grande sagesse a voulu tous les humains à égalité. Un homme peut avoir des prétentions à la suprématie sur ses semblables. Mais, tous nous naissons pareil, et on nous enterre pareil. Cela, c’est le décret de Dieu lui-même.

7. Enfin, pourquoi de telles réactions ?

Devoir remettre en cause ce qu’on a toujours tenu pour vrai n’est pas à la portée de tout le monde. C’est un véritable retour sur soi-même. Il faut du temps et de la volonté pour simplement questionner des convictions qu’on croyait inattaquables. Ces réactions sont donc normales. Mais elles ne doivent pas arrêter notre volonté de comprendre notre passé. Nous devons comprendre ce passé pour bâtir l’avenir. En disant au monde ce que nous ne voulons plus vivre.
Je ne peux pas croire que Dieu nous a donné la capacité de réflexion sans raison.

Sayouba Traoré
Journaliste, Ecrivain