Les premiers ministres burkinabè et maliens ont donné cet après-midi, le top départ de la 28è édition du Fespaco dont la clôture interviendra le 4 mars prochain. C’était au couts d’une cérémonie haute en couleurs où les valeurs de liberté, de résistance et de solidarité ont été exaltées.

17h43. Palais des sports de Ouaga2000 : côte à côte, les premiers ministres burkinabè et malien Joachim Kyelem de Tambèla et Choguel Maïga, assistés de leurs ministres en charge de la Culture, donnent le clap de départ de la 28è édition du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), un rendez-vous que tous les professionnels africains du 7è art et de la diaspora attendent toujours avec beaucoup d’intérêt. C’était la dernière séquence d’une cérémonie haute en couleurs proposée par notre compatriote, le chorégraphe Serge Aimé Coulibaly, celui-là même qui avait piloté avec brio la cérémonie de l’édition précédente.
Entre célébration de la grandeur passée du continent noir, les hommages à ses illustres disparus, son désir d’unité et de liberté, le public a eu droit à des prestations d’une beauté dont seuls les artistes ont le secret. Parce que le cinéma, c’est de l’art, un moyen d’écrire sa propre histoire ainsi que celle du monde ; une manière d’affirmer son identité et son rapport à l’altérité.
La tenue de l’édition de cette année, comme la précédente, est déjà une victoire pour le peuple burkinabè et les amoureux du cinéma. Elle est le symbole d’une résistance contre les forces nihilistes qui tentent depuis des années de couvrir notre pays du voile de l’obscurantisme, de la haine, de la violence gratuite, de l’intolérance.
Des antivaleurs que rejettent les Burkinabè dans leurs composantes sociales, régionales, ethniques et religieuses. Les messages adressés aux cinéphiles par les différents orateurs ce soir convergent : la victoire contre les groupes terroristes ne sera pas seulement l’œuvre des militaires, mais aussi, celles des populations civiles qui auront agi avec discernement sur les esprits et les cœurs. Le thème sous lequel est d’ailleurs placé cette édition résume à lui-seul la philosophie qui anime les pouvoirs publics et les tous les acteurs du Fespaco 2023 : « cinémas d’Afrique et culture de la paix ». Comme le proclame l’Unesco, les guerres prennent naissance dans les esprits des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Le Fespco 2023 est l’occasion des professionnels, producteurs, comédiens, réalisateurs, scénaristes, etc., de débattre de la contribution du cinéma pour l’avènement d’une paix perpétuelle.
Dès ce soir, les projections débutent dans les différentes salles et à partir de demain 26 février, le comité national d’organisation de la 28è édition présidé par Fidèle Tamini déroulera le programme concocté avec la délégation générale du Fespaco. « Il fallait faire beaucoup en peu de temps, mais le défi a été relevé » a-t-il rassuré, avant de saluer la forte présence de la délégation du Mali conduite par son premier ministre.

Pays invité d’honneur de l’édition 2023, le choix de ce pays n’est nullement lié à l’actualité politique et sécuritaire des pays, a-t-il relevé le président du comité d’organisation. Le Mali est un grand pays de cinéma et à trois reprises, il a remporté le Yennenga d’or contre deux au pays organisateur. Pour le rendez-vous, il apporte un soutien significatif à la réussite de la fête en prenant en charge la sonorisation et le podium, ce qui n’est pas rien dans le contexte où les moyens financiers sont massivement consacrés à la lutte contre le terrorisme.
Après avoir demandé une minute de silence en hommage aux victoires de la barbarie terroriste, le ministre burkinabè de la Culture a cité le défunt président de la révolution démocratique et populaire, Thomas Sankara : « là où s’abat le découragement, s’élève la victoire des persévérants ». Pour lui, le thème de l’édition 2023 est une interpellation à la solidarité et à mutualisation des moyens pour créer les conditions de l’avènement d’un développement harmonieux dans les deux engagés dans une aventure commune. « On ne choisit pas ses parents et rien ne doit séparer le Burkina et le Mali que la nature a unis », a déclaré le premier ministre malien Choguel Maiga, qui a dénoncé « les entrepreneurs de la violence et leurs sponsors étrangers étatiques ».
Il a rappelé que « la défense de nos pays nous incombe et résister est un devoir de notre génération. Nous perdrons des étapes, des combats, mais la victoire est certaine » a-t-il ajouté. Pour lui, l’art, doit créer des liens en exaltant les valeurs de nos sociétés contre l’embrigadement, le dogme et l’obscurantisme ».
La 18è édition de a 28è édition est lancée. Place aux projections et au travail des différents jurys sur qui pèse la lourde responsabilité de décerner des récompenses au soir du 4 mars prochain.

Dominique Koné
Kaceto.net