« Pour un Sénégal souverain, juste et prospère ». C’est le titre du programme présidentiel sur lequel Bassirou Diomaye Faye a été élu dès le premier tour de l’élection présidentielle le 24 mars 2024 avec 54, 28% des suffrages exprimés.
Voici dans les grandes lignes la boussole de l’action présidentielle pour les cinq prochaines années

Renouveau institutionnel et engagement africain

L’instauration d’un pouvoir exécutif responsable et la réduction des prérogatives proéminentes du Président de la République
• Nous mettrons fin à la concentration des pouvoirs entre les mains du Président de la République en instituant sa responsabilité, sa révocabilité et son obligation de rendre des comptes ;
• Nous instaurerons la responsabilité politique du Président de la République en introduisant la procédure de destitution pour manquement grave dont le contenu sera précisé ;
• Nous instaurerons le poste de vice-président, élu en tandem avec le Président de la République et supprimerons le poste de premier ministre.

Justice

Les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire
• Nous passerons d’un « Conseil constitutionnel » à une « Cour constitutionnelle » qui sera au sommet de l’organisation judiciaire. L’appellation « Conseil » est devenue anachronique pour rendre compte de l’exigence démocratique et du rôle de gardiennage des normativités juridiques et sociales, échu à la juridiction constitutionnelle. Elle sera soustraite de l’emprise du Président de la République par le mode paritaire de désignation de ses membres ;
• Nous réformerons de façon substantielle le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) à travers une modification de la loi n° 2017-11 du 17 janvier 2017 portant organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature ;
• Nous réformerons le code pénal sénégalais qui ne correspond pas aux valeurs et besoins actuels du
Sénégal ;

Nous réformerons le code de procédure pénale pour l’indépendance de la justice et la sauvegarde des droits et libertés des citoyens ;
• Nous instituerons l’indépendance du parquet vis-à-vis du Ministre de la Justice et le renforcement du statut « spécial » du parquet, ainsi que le statut des magistrats en favorisant l’accès à la magistrature pour certains professionnels du droit, notamment (avocats expérimentés, professeurs agrégés de droit justifiant d’une certaine expérience) ;
• Nous favoriserons l’accès à la magistrature pour certains professionnels du droit, notamment (avocat expérimenté, professeur agrégé de droit justifiant d’une certaine expérience). En effet, a fonction de juger implique la mobilisation de plusieurs compétences et considérations d’ordre économique, financier, social, commercial, lesquelles ne sont pas forcément à la disposition des magistrats formés au Centre de Formation Judiciaire (CFJ)

L’indépendance au sein de l’appareil judiciaire, instauration d’un Juge des Libertés et de la Détention (JLD)
• Nous instituerons un juge des libertés et de la détention, ayant compétence en matière de détention provisoire, de demande de mise en liberté ou de prolongation de la détention provisoire, d’assignation à résidence avec surveillance électronique et de placement sous contrôle judiciaire ;
• Nous instituerons des peines alternatives à l’emprisonnement (pour certains délits) en vue d’améliorer les conditions d’incarcération, en plus de l’élargissement de la carte carcérale ;
• Nous renforcerons le dispositif des bracelets électroniques déjà existant au Sénégal parce qu’il constitue une alternative aux longues détentions provisoires et entre dans le sens de l’humanisation de la sanction pénale.

La réforme des institutions et du système électoral pour améliorer l’état de droit, la bonne gouvernance et la démocratie participative
• Nous initierons des réformes pour limiter les pouvoirs du Président de la République, qui une fois élu devra, s’il y a lieu, obligatoirement démissionner de son poste de Président de parti politique ;
• Nous adopterons une loi interdisant le cumul des mandats électifs, pour les personnes en responsabilité au niveau du pouvoir exécutif et/ou législatif ;
• Nous réviserons et protégerons la Constitution en nous inspirant des conclusions des Assises Nationales et des réformes proposées par la Commission Nationale de Réforme des Institutions
(CNRI) ;
• Nous adopterons une grande Charte des libertés et de la démocratie régissant les droits et libertés, les principes fondamentaux des institutions et des pouvoirs publics et les principes généraux du système électoral et des scrutins ;
• Nous réviserons et améliorerons le système électoral sénégalais. A cet effet nous proposerons via de larges concertations avec la classe politique le remplacement de la CENA par une Commission
Électorale Nationale Indépendante (CENI), l’inscription automatique sur le fichier électoral dès la confection de la carte nationale d’identité et la révision du système de parrainage.

Pour une véritable intégration sous régionale et africaine

• Nous porterons une initiative de réforme de la CEDEAO à travers le renforcement du Parlement de la Communauté, de la Cour de justice de la Communauté et une atténuation de la prépondérance de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement ;
• Nous renforcerons la sécurité au niveau des frontières, et l’interconnexion des infrastructures avec les pays de la sous-région et boosterons les relations économiques, commerciales et sociales entre les peuples ;
• Nous renforcerons les missions diplomatiques du Sénégal dans les pays africains par la construction d’ambassades à la mesure du rayonnement international du Sénégal et l’affectation d’ambassadeurs et de diplomates expérimentés ;
• Nous promouvrons l’intégration économique de la sous-région en renforçant le Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO ;
• Nous développerons avec nos pairs, à l’échelle sous régionale, la production d’énergies renouvelables grâce aux énormes potentiels de la sous-région (ensoleillement, fleuves, vents…). Des centres de recherche ouest-africains performants sur les énergies renouvelables et la production d’énergie seront mis en place.

La modernisation de l’administration publique

• Nous instaurerons la numérisation de l’administration en dématérialisant toutes les procédures administratives régulières ;
• Nous réformerons le mode de recrutement des employés de l’administration publique en rendant le concours et l’appel à candidature systématique pour tout recrutement dans la fonction publique ;
• Nous veillerons au respect d’un traitement équitable entre tous les employés de l’administration selon la hiérarchie et le corps en appliquant les conclusions sur l’étude de la rémunération ;
• Nous mettrons en place un mécanisme de suivi-évaluation avec des
indicateurs de performance pertinents ;
• Nous mettrons en place une nouvelle politique de gestion de la performance visant à assurer la reddition de comptes par rapport à trois résultats considérés comme essentiels : accessibilité et amélioration de la qualité des services aux citoyens, utilisation judicieuse des deniers publics et respect de la transparence, de l’éthique et des saines valeurs de gestion.
• Nous validerons les conventions collectives et les accords signés entre l’État et les syndicats pour le respect et l’application des engagements pris selon des modalités et un échéancier précis ;
• Nous imposerons à chaque administration d’adopter un manuel de procédures avant un délai butoir de deux
(02) ans et d’un code de déontologie ;
• Nous créerons un Office de l’ombudsman dont les compétences et les attributions consisteront à lutter contre l’injustice liée aux services offerts par l’administration en recevant les plaintes déposées par les citoyens.

Pour une économie performante et résiliente sous-tendue par une gestion Économie, Finances Publiques et Budget, Commerce, Entrepreneuriat

Quel modèle économique ?

• Nous mettrons en place un modèle économique endogène d’industrialisation par substitution aux importations. Il se construit prioritairement sur l’impératif d’un développement par l’industrialisation. Ce modèle aura pour fondements : l’agriculture comme rampe de lancement, l’Industrie comme relais et la Finance au service du développement ;
• Nous rationaliserons les dispositifs de financements existants (BNDE, FONSIS, FONGIP, DER) par la création d’une seule et unique banque publique d’investissement du Sénégal (BPIS) ;
• Nous mettrons en place le “Livret d’épargne du patriotisme économique populaire” pour les particuliers pour le financement des petites et moyennes entreprises locales ou régionales ;
• Nous mettrons en place des dispositifs permettant de mettre la puissance financière de la diaspora au service de la renaissance économique et sociale du Sénégal. Pour cela, des filiales de la Banque publique d’investissement du Sénégal (BPIS) seront ouvertes dans la diaspora ;
• Nous mettrons en place un système bancaire public inspiré du modèle allemand pour relever le niveau de bancarisation du pays et maitriser le circuit de financement de l’économie par la création d’une Banque Postale qui devra compter sur le réseau d’agences du Groupe La Poste, déjà bien implantées dans tout le pays ;
• Nous mettrons en place un Bureau d’Intelligence Économique (BIE) chargé de la prospective économique à court, moyen et long terme sur les plans national, sous régional (UEMOA), régional (CEDEAO) et Africain (ZLECAF).

Une politique budgétaire qui rationalise les dépenses publiques

• Nous affirmerons une approche de développement à partir des pôles territoires, dont les potentialités seront exploitées à bon escient ;
• Nous imposerons aux collectivités territoriales l’élaboration de Plans Locaux de Développement (PLD). Ces PLD seront articulés et mis en cohérence pour élaborer le plan national de développement à l’horizon 2050 ;
• Nous mettrons en place un « Conseil des Finances Publiques » composé de hauts magistrats financiers et de personnalités qualifiées. Rattachée à la Cour des comptes, cette instance sera chargée de rendre un avis sur le réalisme des prévisions économiques du Gouvernement et la cohérence des objectifs annuels avec les objectifs pluriannuels des finances publiques ;
• Nous renforcerons la Cour des Comptes dans ses missions d’assistance de l’Assemblée nationale dans le contrôle de l’exécution des Lois de finances. Le programme devant réaliser notre vision économique d’un Sénégal souverain, démocratique, prospère et protecteur de l’environnement ne pourrait se baser simplement sur la rationalité économique traditionnelle. Ce programme économique se fonde sur 4 principes : la souveraineté,

• Nous mettrons en œuvre une réforme monétaire qui permettra à notre pays de se doter de sa propre monnaie.
Cependant, la création d’une monnaie nationale requiert le respect des étapes du process. Ainsi, les actions ci-dessous sont nécessaires :
 Mettre en place une politique macroéconomique solide ;
 Séparer les banques d’affaires des banques de dépôt ;
 Avoir les moyens techniques de création monétaire ;
 Démonétiser temporairement l’or ;
 Reprofiler la dette publique et annuler la dette privée ;
 Régler le déficit commercial ;
 Régler les avoirs extérieurs et négocier les comptes d’avances ;
 Mettre en place un système d’assurance des dépôts ;
 Créer un gendarme de la Bourse ;
 Orienter le circuit du Trésor vers les grands travaux ;
 Créer une banque centrale avec une indépendance limitée ;
 Rendre la monnaie flottante et semi-convertible.
• Nous mettrons en œuvre une réforme monétaire qui permettra à notre pays de se doter de sa propre monnaie.
Cependant, la création d’une monnaie nationale requiert le respect des étapes du process. Ainsi, les actions ci-dessous sont nécessaires :
 Mettre en place une politique macroéconomique solide ;
 Séparer les banques d’affaires des banques de dépôt ;
 Avoir les moyens techniques de création monétaire ;
 Démonétiser temporairement l’or ;
 Reprofiler la dette publique et annuler la dette privée ;
 Régler le déficit commercial ;
 Régler les avoirs extérieurs et négocier les comptes d’avances ;
 Mettre en place un système d’assurance des dépôts ;
 Créer un gendarme de la Bourse ;
 Orienter le circuit du Trésor vers les grands travaux ;
- Créer une banque centrale avec une indépendance limitée ;
 Rendre la monnaie flottante et semi-convertible.

• Nous procéderons à l’évaluation du système fiscal en termes de charge fiscale pour les entreprises, les travailleurs et les propriétaires, afin d’obtenir un système fiscal plus juste, moins lourd et plus efficace ;
• Nous réduirons les dépenses fiscales (exonérations) vu leur impact considérable sur les recettes du budget de l’État. Des années 2013 à 2021, le montant total des dépenses fiscales cumulées s’élèvent à 6 354, 89 milliards FCFA ;
• Combattre la fraude fiscale, l’évasion fiscale et leurs corolaires dans un pays ou une grande partie de la charge fiscale est supportée principalement par les agents du secteur public et les travailleurs du secteur privé qui échappent difficilement à leur obligation de paiement de l’impôt sur le revenu, ainsi que quelques milliers d’entreprises
Nous procéderons à une dématérialisation totale des procédures fiscales pour une meilleure prise en charge du service public et rapprocher l’Administration des usagers.

• Nous mettrons en place huit pôles économiques régionaux avec une vraie décentralisation ;

Le commerce intérieur, la préférence nationale et la consommation locale
• Nous développerons nos capacités de production et nos produits locaux pour mieux répondre à la demande intérieure en tenant compte des exigences liées à la protection de l’environnement ;
• Nous développerons, professionnaliserons et moderniserons le commerce de proximité ;
• Nous développerons les infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour faciliter le transport des matières premières et des produits agricoles et l’accès aux zones agricoles ;
• Nous renforcerons la promotion de la consommation locale et des produits de nos terroirs par :
 La valorisation de notre identité culinaire en revisitant les recettes sénégalaises et en innovant ou réinventant nos plats locaux ou africains ;
 La labellisation et la production de nos produits locaux et leur protection (ex. AOC).
• Nous mettrons en place une politique de priorité nationale réservant à nos entrepreneurs et producteurs locaux une proportion des marchés de la commande publique.

Secteur Informel

• Nous mettrons en œuvre des programmes d’information, de sensibilisation et de formation des acteurs de l’informel sur la formalisation et ses multiples avantages : droit aux aides de l’État en période de crise, retraite, IPRES/CSS, mutuelle, congés payés, indemnités chômage, etc. ;
• Nous proposerons des formations en gestion d’entreprise pour renforcer la productivité et la performance par un système de partenariat avec les grandes écoles ;
• Nous faciliterons les modalités de déclaration et de paiement des impôts, droits et taxes et mettrons en place un accompagnement pour des démarches administratives plus efficaces ;
• Nous faciliterons l’accès à la commande publique et mettrons en place des aides financières et des avantages fiscaux aux employeurs qui se conforment au code du travail ;
• Nous aménagerons des sites de recasement pour de nombreux pans du secteur informel qui occupent de manière irrégulière la voie publique.

Le Code du travail sénégalais issu de la loi no 97-17 du 1 er décembre 1997 est le fruit d’une longue maturation. Il a été précédé par deux autres codes : le code colonial du 15 décembre 1952 portant
Code du travail dans les territoires et territoires associés relevant du ministère de la France d’Outre-Mer ; et le code promulgué aux lendemains de l’indépendance le 15 juin 1961. Le monde professionnel a connu ces dernières années beaucoup de transformations. L’entreprise a connu des mutations, de nouvelles formes de travail sont apparues et la problématique de l’emploi et de la formation des jeunes se posent avec acuité. Face à de tels bouleversements, le Code du travail actuel ne répond plus aux exigences de compétitivité des entreprises et de l’environnement des affaires. Il faudra impérativement actualiser les dispositions pour faire en sorte que le Code du travail sénégalais réponde mieux aux exigences de l’heure.

Nous harmoniserons les agences gouvernementales autour de l’entrepreneuriat et de l’emploi des jeunes et augmenterons considérablement le budget du ministère du travail et de l’emploi ;
• Nous créerons une seule agence gouvernementale portant les politiques d’emploi dénommée la Grande Agence Gouvernementale sur l’Emploi et le Travail (GAGET) et un bureau du suivi-évaluation des politiques d’emploi et de travail ;
• Nous mettrons en place un ambitieux programme d’accompagnement des jeunes diplômés.
Ce programme « Gungé » sera implémenté par notre premier gouvernement afin d’accompagner l’insertion des diplômés de l’enseignement technique et la formation professionnelle et promouvoir l’auto-emploi. Nous encouragerons et accompagnerons les initiatives privées des personnes handicapées en matière de création d’entreprises individuelles, de petites et moyennes entreprises (PME), de coopératives de production et d’entreprises adaptées, tout en incitant les services de l’État et des collectivités territoriales à réserver une part de leurs marchés à de telles entreprises.
• Nous nous engageons à instituer un fonds d’appui qui aura également pour mission de favoriser l’accès et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées.

La maîtrise des facteurs biophysiques, techniques et organisationnels pour une production agricole capable de nourrir le Sénégal et de générer des devises

• Nous privilégierons un modèle de paysage agricole structuré autour des moyennes exploitations familiales modernisées, avec une diversification par des filières comme l’apiculture, le maraîchage ou l’aviculture, capables d’améliorer et de stabiliser les sources de revenus des producteurs ;
• Nous engagerons une réforme agraire basée sur la sécurisation des droits fonciers des exploitations familiales et des investissements privés. En effet, seul 3,4% des agriculteurs disposent d’un titre de propriété (Diop et Dalmeau, 2023).
• Nous développerons la mise en place de coopératives de producteurs avec des plateaux techniques partagés, ce qui facilitera l’émergence d’entrepreneurs-agriculteurs qui seront appuyés dans la formation, l’accès à la terre et l’aide financière à l’installation ;
• Nous mettrons en place un programme spécial de renouvellement des semences et de reconstitution du capital semencier pour les principales cultures et pas uniquement pour l’arachide ;
• Nous mettrons en œuvre un programme spécial de fertilisation comportant une campagne de phosphatage de fond à grande échelle et le respect des recommandations de la recherche pour les engrais, pour chaque type de culture ;
• Nous mettrons en place un ambitieux programme de mécanisation de l’agriculture et œuvrerons pour un accès des producteurs au crédit. La modernisation des exploitations agricoles sénégalaises s’avère d’une urgence cruciale pour redynamiser les terroirs et communautés de base
• Nous rétablirons le système d’encadrement rapproché avec un accent particulier sur la formation des paysans par une vulgarisation intensive de thèmes techniques adaptés à la nouvelle typologie des exploitations ;
• Nous affecterons 10% du budget national à l’agriculture, conformément à la recommandation de l’Union Africaine (engagement de Maputo puis de Malabo)

• Nous mettrons en place un programme national de production fourragère. Les objectifs visés sont l’autosuffisance alimentaire du cheptel national, la réduction de la dépendance au marché extérieur
et la promotion de la compétitivité des chaînes de valeur animales ;
• Nous mettrons en place un programme national de développement de la chaîne de valeur laitière. Il permettra d’améliorer la production laitière par l’insémination artificielle, d’assurer une autosuffisance en lait et produits laitiers. Ce programme contribuera aussi à la production de viande grâce aux mâles (sexe-ratio 50/50) non destinés à la reproduction ;
• Nous créerons une Agence de Sécurité Sanitaire des Aliments pour prendre en compte la problématique des OGM dans les intrants alimentaires pour le bétail et l’approche One Health : zoonoses, biosécurité, pesticides, mycotoxines, usage des antimicrobiens et résistance aux antimicrobiens ;

La gestion durable du secteur de la pêche et de l’aquaculture

• Nous réserverons prioritairement la zone 12 milles marins (12 miles) à l’exercice de la pêche artisanale. Cette réforme majeure vise à protéger la pêche artisanale et les professionnels artisans de l’incursion des bateaux de pêche industrielle ;
• Nous mettrons en œuvre des plans d’aménagement portant sur des pêcheries capitales. Les pêcheries concernées par les plans d’aménagement seront identifiées et sélectionnées en rapport avec les spécialistes habilités au sein de l’administration des pêches et toutes les parties prenantes concernées parmi lesquelles les institutions de la recherche halieutique et les professionnels du secteur ;
• Nous renforcerons le dispositif de surveillance maritime des eaux sous juridiction sénégalaise et de lutte contre les activités de pêche illicite, non réglementée et non déclarée (pêche INN) ;
• Nous appliquerons sans concession et dans toute sa rigueur la réglementation sur la pêche maritime pour mettre fin à la gestion politicienne et complaisante du secteur.
• Nous suspendrons et évaluerons tous les accords de pêche de la zone économique exclusive et auditerons le pavillon sénégalais ;
• Nous promouvrons et développerons la pêche continentale à travers la réalisation de projets et programmes spécifiques adaptés au sous-secteur ;

Depuis les indépendances, le secteur secondaire du Sénégal a toujours été le maillon faible de notre économie ; cela s’explique par la faiblesse de son secteur industriel, mais également par la répartition déséquilibrée des unités économiques sur le territoire national. Le premier recensement général des entreprises publié par l´ANSD en 2016 a révélé que la plus grande partie de l´activité économique du pays est concentrée dans la partie Ouest et Centre-Ouest du pays. Quatre régions ; Dakar, Thiès, Diourbel et Kaolack, 8,8% du territoire, abritent à elles seules 66,3% des unités économiques.

La restructuration du tissu industriel pour booster l’économie nationale

• Nous impulserons une industrialisation structurée et pérenne de l’économie sénégalaise reposant sur un modèle inclusif et transversal. Ce modèle s’adossera sur une industrialisation par pôle. Pour ce faire, nous partirons des richesses de chacun des huit (8) grands pôles de développement économique ;
• Nous instaurons pour chaque grand pôle, plusieurs zones industrielles avec tous les prérequis (électricité, eau, moyens de communications etc.) pour faciliter l’implantation et le déploiement des entreprises transformatrices des produits issus dudit pôle ;
• Nous faciliterons le transport des matières premières vers le lieu de transformation en accélérant le développement des infrastructures routières et nous rénoverons et renforcerons les infrastructures du réseau ferré pour faciliter l’échange et le transport inter pôles.
• Nous ferons de l’industrie minière un levier important de notre développement socio-économique. A cet effet, les contrats miniers seront renégociés.

Nous procéderons à la territorialisation du développement de l’industrie agroalimentaire :
 La zone des Niayes et la vallée du fleuve Sénégal serviront de hub pour la transformation des cultures maraîchères

 La Casamance centralisera des unités de transformation de la mangue en divers produits (jus, marmelade, mangue séchée, vinaigre, pulpe) et d’autres produits forestiers tels que le « madd » et la noix d’anacarde ;
 La région du Sine Saloum, cœur du bassin arachidier servira de point névralgique pour l’arachide et produits dérivés (huile, tourteau, poudre d’arachide, etc.) ;
 La zone sylvopastorale du Ferlo sera le hub de la transformation des produits alimentaires d’origine animale ;
 La petite côte va centraliser les unités de transformation des produits halieutiques.
• Nous promouvrons le concept du « consommer sénégalais ». A cet effet, un programme de vulgarisation et sensibilisation sera lancé en rapport avec les atouts et les avantages comparatifs des produits locaux face aux produits concurrents venus de l’extérieur ;

Education

• Nous promouvrons le bilinguisme par la généralisation de l’enseignement de l’anglais à l’élémentaire couplé à l’utilisation progressive des nouvelles technologies (TIC) dans les enseignements depuis l’école primaire ;
• Nous diversifierons les sources de financement de l’école sénégalaise et imposerons aux entreprises établies sur le territoire sénégalais la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) en faveur de l’école ;
• Nous mettrons en place un ambitieux programme de recrutement d’enseignants pour résorber le gap au plus tard en 2029. Ainsi, les classes multigrades et double flux devraient disparaitre au plus tard en 2027 ;
• Nous nous engageons à arriver à « zéro abri provisoire » en 2029 par la mise en place d’un ambitieux programme de construction d’infrastructures pédagogiques aux standards internationaux. La conception modulaire des bâtiments UBM permettra de gagner en temps avec une grande souplesse de conception et de planification.
L’intégration effective des langues nationales et des « daaras » dans le système éducatif
• Nous généraliserons l’utilisation des langues nationales dans le système d’éducation et de formation, comme recommandée par les assises sur l’éducation et la formation, en capitalisant les expérimentations probantes afin d’en faire des langues objet et medium d’enseignement ;
• Nous renforcerons le Programme d’Appui à la Modernisation des Daaras (PAMOD) et procéderons
à une cartographie participative et exhaustive de l’ensemble des daaras et écoles coraniques
du Sénégal. Le statut du maître coranique sera clairement établi en vue d’améliorer ses revenus et sa protection sociale ;
• Nous mettrons sur pied un Centre de formation des maitres coraniques afin de renforcer leurs capacités techniques et pédagogiques ;
• Nous engagerons des concertations inclusives sur l’insertion des daaras dans le système éducatif et la réglementation de leur enrôlement pour une meilleure organisation des enseignements ;
• Nous établirons des critères à respecter, en lien avec l’environnement scolaire et le cadre de vie, pour faire partie des daaras à intégrer dans le système éducatif sénégalais ;
• Nous mettrons en place au ministère de l’Éducation nationale une Direction des Daaras Modernes (DiDaM) en lieu et place de l’inspection des Daara modernes.

Enseignement supérieur

Nous élaborerons et mettrons en œuvre une politique nationale d’enseignement supérieur assortie d’une stratégie décennale et des plans d’actions quinquennaux. Nous élaborerons une loi d’orientation spécifique à l’enseignement supérieur qui rendra obligatoire la mise en œuvre de la politique ;
• Nous redéfinirons le portefeuille de formation dans les universités publiques en partant des besoins des secteurs primaire (agriculture, élevage, pêche) et secondaire (industrie). Les enseignements portant sur le secteur tertiaire seront repensés en mettant l’accent sur le digital, les nouvelles technologies, l’entreprenariat, le leadership ;
• Nous établirons le pont entre l’université et l’entreprise pour la prise en charge des stages et qualification des étudiants ;
• Nous appuierons les universités à développer des programmes d’études ciblés en collaboration avec les industries. Le développement de curricula se fera en collaboration avec le secteur privé pour répondre aux besoins du marché de l’emploi ;
• Nous résorberons le déficit en personnel sur une période de 5 ans par un recrutement massif de personnel d’enseignement et de recherche (PER) dans les universités publiques afin d’amener le taux d’encadrement à 1 enseignant pour 30 étudiants à l’horizon 2029 ;
• Nous élaborerons et mettrons en œuvre un plan spécial de désengorgement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui accueille 60% de la population estudiantine du Sénégal. Cela passe par l’augmentation de la capacité d’accueil des autres universités et la baisse du taux d’orientation de bacheliers à l’UCAD ;
• Nous diversifierons les établissements financiers en charge du paiement des bourses des étudiants et mettrons en place d’autres mécanismes de financement des étudiants comme les prêts ;
• Nous mettrons en place des universités technologiques en rapport avec les 8 pôles de développement économique.

Gestion des déchets

• Nous mettrons en œuvre une loi sur la gestion des déchets. Cette loi aura pour objectif de transférer les compétences relatives à la planification de la gestion et de la prévention des déchets aux Conseils Régionaux (collectivités ou entité). Cette loi aura pour but de donner à la Région la responsabilité de l’élimination des déchets ménagers produits par leurs habitants et pour objectif de fixer les modes d’organisation et les moyens à mettre en œuvre pour la gestion des déchets dangereux et non dangereux. Il contiendra :
 L’inventaire des déchets, des installations, des acteurs, des documents d’orientation ;
 La définition de priorités pour la création d’installations nouvelles et pour la collecte, le tri, le traitement adéquat et la prévention des déchets ;
 La mise en place des décharges, des centres de tri et de plateforme de compostage des déchets ménagers publiques contrôlées et normées sur l’étendue du territoire national ;
• Nous procéderons à la réhabilitation et à la modernisation de la décharge de Mbeubeuss qui accueille 3 300 tonnes de déchets/jour. A cet effet, il sera créé sur site un centre d’enfouissement technique moderne couplé à une unité de production d’électricité, composée de générateurs par turbine à gaz. Une usine d’incinération des ordures ménagères sera également créée sur site.

Economie numérique

• Nous œuvrerons à la mise à jour et à l’harmonisation des cadres normatifs relatifs à l’économie numérique (UEMOA, CEDEAO) et à la confection d’un projet commun de protection des usagers africains du numérique, à l’image de ce que certains pays européens ont fait pour le règlement général sur la protection des données RGPD relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel.
 Nous favoriserons la mise en place de Datacenter souverains, publics et privés, connectés à très hauts débits sur internet avec des tarifs d’hébergement compétitifs par rapport à l’offre internationale ;
 Nous pérenniserons l’interopérabilité des réseaux, services et applications numériques au sein de l’Administration ;
 Nous recenserons le patrimoine numérique de l’Etat et renégocierons les contrats de concession y afférents dans l’intérêt du peuple sénégalais ;
 Nous mettrons en place un cadre de mutualisation des infrastructures publiques numériques ;
 Nous renforcerons les textes de loi pour apporter les garanties de sécurité et de protection des données des patients dans le cadre du programme de digitalisation de la santé ;
 Nous adopterons une loi incitative d’utilisation des solutions cloud locales et d’hébergement des données sensibles des entités dites d’importance vitale au sein du territoire ;
• Nous doterons le Sénégal :
 D’une administration publique digitalisée et performante capable de relever les défis de la nouvelle économie et ses conséquences sur la société sur les acquis pour consolider la confiance du citoyen sénégalais, la sécurité (juridique, économique et sociale) et la pérennité du système économique ;
 D’un système de cybersécurité et cyberdéfense aux standards mondiaux capable de faire face à toute menace « cyber » qu’elle soit locale ou globale ;

Sécurité

Nous renforcerons le rôle du centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS) et au Service Civique National (SCN) pour juguler la perte de valeurs engendrée par un déficit de civisme et de patriotisme qui explique le banditisme économique et la délinquance financière auxquels se livrent des autorités étatiques.

Financement de l’économie sénégalaise

Les principales contraintes auxquelles le pays est confronté en matière de financement de son économie sont :
• Faible capacité fiscale : le système fiscal au Sénégal est limité en termes de capacité de collecte d’impôts. Cela est, en partie, dû à une politique économique extravertie, à une prépondérance de l’économie informelle, à des pratiques d’évitement fiscal traduisant un problème de civisme fiscal.
• Non maîtrise des ressources naturelles : le Sénégal n’ayant pas la capacité d’exploiter seul ses ressources naturelles, il a choisi un modèle de partenariat très défavorable par manque de courage et de patriotisme. En plus, comme les économies dépendantes des ressources naturelles, le Sénégal pourrait être vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur le marché mondial. Les revenus provenant de ces ressources peuvent être instables et insuffisants pour financer le développement durable.
• Endettement chronique et mortifère, avec les intérêts de la dette publique devenant le deuxième budget de l’État après celui du ministère de l’Éducation nationale : le Sénégal est lourdement endetté en raison d’une politique d’emprunt inefficace, de conditions de remboursement contraignantes et de taux d’intérêt élevés. Ce niveau d’endettement élevé limite la capacité du pays à mobiliser des ressources financières pour des investissements productifs et d’avenir.
L’encours de la dette publique en fin 2023 était de 13 641 milliards FCFA. A ce montant, il faut ajouter le déficit budgétaire de 2024 estimé à 840 milliards FCFA. Pour les intérêts de la dette publique, ils sont estimés à près de 578 milliards FCFA en 2024 (source : LFI 2024) ; soit le deuxième budget après celui du ministère de l’Éducation nationale.
Une dette n’est pas mauvaise, mais malheureusement notre pays n’a pas orienté les sommes empruntées vers des investissements productifs pour inverser la tendance de la balance commerciale avec des activités exportatrices susceptibles de produire les flux de devises nécessaires au remboursement de la dette. Une partie de la dette contractée a servi à financer des dépenses somptuaires peu favorables au développement (phénomène des « cathédrales dans le désert”).
• Risque politique lié aux tensions politiques et sociales : Ces tensions peuvent dissuader les investisseurs étrangers et entraîner une fuite des capitaux. Les investissements à long terme nécessaires au développement peuvent être compromis dans un tel environnement.
• Corruption endémique et mauvaise gouvernance
 : la corruption endémique et la mauvaise gouvernance détournent les ressources financières vers des canaux non productifs. Cela décourage les investissements étrangers, réduit la confiance des citoyens et des partenaires internationaux et pousse parfois les jeunes à choisir le chemin de l’émigration clandestine dans l’espoir de trouver un avenir meilleur au péril de leur vie.
• Le déficit d’infrastructures de qualité : l’absence d’infrastructures de base, comme des réseaux de transport et d’énergie fiables, entrave le développement économique. Ces faiblesses, combinées à un manque de vision stratégique, freinent les investissements privés.
• Faiblesse de l’épargne intérieure : le niveau faible de l’épargne domestique limite les sources de financement interne de l’économie.
• Faiblesse et coût exorbitant du financement des ménages par les banques locales
• L’absence d’une souveraineté monétaire constitue aussi un facteur de l’incapacité du gouvernement à financer efficacement l’économie du pays. L’État du Sénégal se trouve bâillonné par son appartenance à la zone franc CFA

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