C’est reparti pour l’Union nationale des associations des parents d’élèves et d’étudiants du Burkina (UNAPES-B) qui a tenu son congrès extraordinaire le 27 avril 2024 à l’issue duquel, un nouveau bureau a été mis en place pour un mandat de quatre (4) ans

« L’UNAPES-B IS Back ». Ce slogan semble bien correspondre à la situation de la Faîtière des associations de parents d’élèves et d’étudiants du Burkina dont les activités ont été littéralement plombées pendant trois ans par une crise dont l’épilogue judiciaire est intervenu en février 2023 (https://www.kaceto.net/spip.php?article12813).
Le 27 avril 2024, dans la salle de conférence du Haut-commissariat du Kadiogo, les congressistes venus des 13 régions étaient visiblement contents de se retrouver pour ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’UNAPES-B.
Au menu de leurs travaux, l’examen et l’adoption du rapport moral et financier du bureau en place, le fonctionnement de l’Union et les points divers.
Dès l’ouverture des travaux, une partie des frondeurs qui avaient été les acteurs de la crise, en l’occurrence le Trésorier général, Souleymane Nignan et le secrétaire à l’information et aux relations publiques, Adama Fayama, ont posé des préalables. Ils invoquent le non-respect des textes de l’Union dans la convocation du congrès par le président Hector Ouédraogo et doutent de la légitimité de certains délégués à y prendre part. Ils s’interrogent également sur l’opportunité d’un congrès extraordinaire sachant que le mandat du bureau issu du congrès ordinaire de 2020 finit en juillet prochain.

Un début des travaux pour le moins agité sous le regard embarrassé de Evariste Guébré et Luc Yé, respectivement Chargé de missions du ministre de l’Education nationale, de l’alphabétisation et la promotion des langues nationales (MENAPL- N) et de celui de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, deux représentants des ministères de tutelle de l’UNAPES-B. « Nous n’avons pas reçu la mission de faire un discours ; notre présence à votre congrès extraordinaire est le signe de l’intérêt que nos départements ont vis à vis de l’UNAPES-B », a indiqué Luc Yé, avant d’exprimer le souhait que « l’UNAPES-B qui intervient dans la résolution des crises dans le système éducatif burkinabè fonctionne à nouveau afin de mieux accompagner les ministres dans l’accomplissement de leurs missions ».
Les deux chargés de missions s’étant retirés, les débats reprennent, toujours électriques. Les questions fusent. « Pourquoi certains personnes qui n’ont pas qualité sont présentes à ce congrès ? », interroge un délégué du Nord. « Quel est l’objectif final de ce congrès extraordinaire sachant que le mandat du bureau sortant finit en juillet prochain ? », se demande un autre. Un délégué venu de l’Ouest veut savoir « pourquoi, cette fois-ci, il n’y a pas de prise en charge des congressistes », pendant qu’un membre du bureau sortant ne comprend pas pourquoi, seul le président est au présidium. Récemment, la coordination régionale du Centre a renouvelé son bureau lors d’une assemblée générale, à l’insu de la Faitière, ce qui est contraire aux textes.
Le bureau mis en place est-il légitime ?

Autant de questions et d’interpellations auxquelles le président de l’UNAPES-B, Hector Ouédraogo apporte des réponses. Pas certain qu’il ait convaincu tout le monde, à commencer par ses anciens collaborateurs qui l’avaient accusé de malversations financières.
Manifestement agacé par ce qui ressemble à une querelle de clocher, un participant demande si oui ou non le quorum est atteint pour donner une légitimité au congrès de décider. Le président Ouédraogo répond par l’affirmative, assurant avoir reçu des procurations de ceux qui n’ont pas pu effectuer le déplacement de Ouaga. « Avançons », lance t-il à l’assemblée, avant de convoquer le second point à l’ordre du jour, la lecture du rapport moral et financier. C’est Yassia Ouédraogo, le président de la coordination provinciale des parents d’élèves du Yatenga, qui s’y colle.
Le rapport évoque les résolutions prises lors du dernier congrès de 2020 à Ziniaré, les difficultés que rencontre le bureau à mobiliser les ressources, notamment l’application de la grille de répartition des frais APE, la non application de la convention entre l’UNAPES-B et l’Etat qui aurait permis à la faîtière des parents d’élèves de mener convenablement ses activités de soutien aux élèves et à leurs parents. Des difficultés aggravées depuis septembre 2021 par la crise qui a frappé l’UNAPES-B, paralysant son fonctionnement.

Au même moment, souligne le rapport moral, la crise sécuritaire a mis sur le bas- côté de milliers d’élèves surtout dans les région à fort défi sécuritaire et mis au chômage des enseignants qui ont dû aussi trouver refuge loin de leur lieu de travail.
Ainsi, selon le rapport du Secrétariat technique de l’Education en situation d’urgence (ST-ESU), à la date du 31 mars 2024, la situation se présente comme suit :
. Les fermetures d’établissements scolaires sur l’ensemble du territoire national (le nombre cumulé passe de 5336 en fin février 2024 à 5319 en fin mars 2024, soit une baisse de 17 structures éducatives, les élèves affectés (le nombre baisse de 5 191 en passant de 823 340 en fin février 2024 à 818 149 en fin mars 2024) et les enseignants affectés (le nombre augmente de 123 en passant de 24 158 en fin février 2024 à 24 281 en fin mars 2024) ; 
La réouverture des établissements fermés (le nombre passe de 1295 en fin février 2024 à 1304 en fin mars 2024) soit une hausse de 9 structures éducatives ;  
Les établissements délocalisés pour raison d’insécurité (le nombre passe de 559 en fin février 2024 à 549 en fin mars 2024) soit une baisse de 10 établissements ; 
. La situation des élèves déplacés internes (EDI) (le nombre passe de 436 651 en fin février 2024 à 440 945 en fin mars 2024) soit une hausse de 4 294 EDI.

Une situation qui préoccupe l’UNAPES-B et contre laquelle, elle ne dispose hélas pas de moyens d’intervention. « Dans ces conditions, comment organiser une Assemblée Générale, des sorties ou des formations, en un mot mettre en œuvre notre plan d’actions sans ressources ? », questionne le rapport. Créée en 1993 par un arrêté du ministère de l’Enseignement secondaire et supérieur de l’époque, la Faîtière des associations des parents d’élèves et d’étudiants du Burkina n’a toujours pas de siège et « tient ses réunions tantôt dans des écoles, tantôt dans des services ou tantôt dans des domiciles privés », déplore le rapport.
La salle écoute attentivement la lecture d’un bilan qui pose plus de question qu’il n’informe sur les acquis à mettre au compte du bureau en place depuis 2020. Néanmoins, le rapport indique que dès la fin de l’épisode judiciaire en février 2023, ce qui restait du bureau n’a pas baissé les bras. Il a ainsi demandé et obtenu d’être reçu en audience par le chef de l’Etat actuel, la primature, le président de l’Assemblée législative de Transition, les deux ministres de tutelle, la représentation de la Banque mondiale au Burkina et l’ambassadeur des Etats-Unis à Ouagadougou. A toutes ces occasions, le bureau a plaidé pour que des moyens soient davantage déployés en soutien aux acteurs du système éducatif burkinabè, en particulier les élèves déplacés internes.
Au plan financier, le rapport indique que le compte de l’UNAPES-B est au rouge et qu’elle doit plus de quatre (4) millions de F CFA au président Hector Ouédraogo et 400 000 F CFA à une société de prestations de services.

Après des contributions sur la forme, le rapport est adopté par acclamation et les congressistes passent au second point de l’ordre du jour, en l’occurrence la situation du bureau. Un congressiste propose la mise en place d’un bureau de transition d’un (1) an, le temps de se donner des chances d’un retour des frondeurs. Un autre insiste sur l’urgence d’avoir un bureau dont la légitimité n’est pas discutable, ce qui mettrait les APE en sécurité, car dit-il, par endroit, « l’administration avait profité de la crise pour nous liquider ».
Très vite, le consensus se dégage pour un nouveau départ, c’est à dire l’élection d’un nouveau bureau pour un mandat de quatre (4) ans afin de tourner définitivement la page du passé.
Pour cela, le président Hector Ouédraogo est invité à démissionner avec son bureau, ce qui fut fait sur le champ. Un bureau de séance est installé et on procède à main levée à l’élection des candidats aux différents postes. Les choses ne trainent pas. Seul candidat, Hector Ouédraogo est élu président de l’UNAPES-B pour un mandat de quatre (4) ans et est secondé par Issiaka Soulama, de la région des Cascades.
Prenant la parole, il remercie les congressistes pour la confiance qu’ils viennent de placer en lui pour un nouveau départ et félicite les nouveaux membres du bureau, les invitant à la mobilisation toute suite pour répondre aux « urgences que nous impose la situation sécuritaire actuelle ».

Composition du bureau issu du congrès extraordinaire de l’UNAPES-B le 27 avril 2024

Président : Hector Ardent Ouédraogo
Vice-président : Issiaka Soulama
Secrétaire général : Saïdou Saoura
Secrétaire général adjoint : Yassia Ouédraogo
Trésorier Général : Seydou Eric Ouédraogo
Trésorier général adjoint : Louis Sawadogo
Secrétaire général à l’organisation : François Kaboré
Secrétaire général adjoint à l’organisation : Mathias Zagré
Secrétaire général à la communication et aux relations publiques : Michel Koutiébou
Secrétaire général adjoint à la communication et aux relations publiques : Jean Lompo
Secrétaire à l’Education post-primaire et secondaire : T. Ousmane Kaboré
Secrétaire à l’Enseignement supérieur : Roger Zida
Secrétaire chargée du Genre : Mme Kabré Yaméogo Emma
Secrétaire chargé des projets : Pascal Pafadnam
Premier Commissaire aux comptes : Safiéttou Sow
Deuxième commissaie aux comptes : Moussa Kinda
Troisième commissaire aux comptes : Aristide Kaboré

Joachim Vokouma
Kaceto.net