Selon le rapport de suivi de l’économie et du développement d’avril 2024 publié par la direction générale de l’économie et de la planification, un service du ministère burkinabè de l’Economie, des finances et de la prospective, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 3,2% en 2024, exactement comme en 2023. Dans les détails, elle serait de 1,7% dans le pays développés, 4,2% dans les pays émergents et 3,8% en 2024 contre 3,2% en 2023 pour le continent africain.
En dépit des attaques terroristes qui frappent le Burkina et la crise sécuritaire qui impactent fortement l’activité économique, notamment minière dans plusieurs régions, le taux de croissance devrait atteindre 5,5% en 2024 contre 3,0% en 2023.
Nous vous proposons la synthèse de la note réalisée par Evariste Compaoré, Doctorant en Economie à l’Université Joseph Ki Zerbo

Activité économique dans le monde

La croissance mondiale a connu une hausse de 0,1% par rapport à la projection de janvier 2024 et se stabiliserait à 3,2% en 2024 comme en 2023, en raison notamment du maintien du durcissement de la politique monétaire et du retrait des dispositifs d’appui budgétaire qui ont soutenus l’activité économique dans plusieurs pays.
Dans les « pays avancés », la croissance se situerait à 1,7% en 2024 après 1,6% en 2023. S’agissant des « pays émergents et pays en développement », elle ralentirait à 4,2% en 2024 après 4,3 % en 2023.
En Afrique, la croissance économique s’accélérerait pour atteindre 3,8% en 2024 après 3,2% en 2023. En perspective, la croissance se situerait à 4,2% en 2025. Cette expansion sera généralisée dans tous les secteurs, avec un élan de croissance soutenue attendu dans ¾ des pays. Toutefois, cette expansion pourrait être affectée par les risques liés aux tensions géopolitiques et aux conflits, ainsi que la persistance de l’inflation sur le continent. En effet, le taux d’inflation en Afrique avait atteint un pic de 17,8%, en 2023, mais devrait diminuer pour se situer à 9,5% en 2024, en raison d’un resserrement des politiques monétaires et de la baisse des prix des produits de base.
Du point de vue mondial, l’inflation se situerait à 6,8% en 2023, mais ralentirait davantage pour s’afficher à 5,9% en 2024. Dans les pays avancés, elle décélèrerait plus rapidement pour s’établir à 2,6% en 2024 contre 4,6% en 2023. Quant aux pays émergents et les pays en développement elle se maintiendrait à 8,3% en 2024 comme en 2023.
Sur le marché des changes, le dollar US s’établit à 603,3 F CFA en mars 2024, en dépréciation de 0,7% par rapport au mois précédent. Comparativement à mars 2023, il s’est déprécié de 1,5%

Activité économique nationale

L’activité économique nationale progresserait de 5,5% en 2024 contre une estimation de 3,0% en 2023. Cette croissance est imputable à l’ensemble des secteurs, avec une hausse de la valeur ajoutée de 5,9% pour le secteur primaire, de 4,6% pour le secteur secondaire et de 6,0% pour le secteur tertiaire. Cependant, l’inflation en moyenne annuelle resterait maitrisée en dessous de la norme communautaire de 3% au maximum en ressortant à 0,2% en 2024 après 0,7% en 2023. Cela est en lien avec la hausse des prix, notamment des fonctions « boissons alcoolisés, tabacs et stupéfiants » et « électricité, gaz et autres combustibles », atténuée par la baisse des prix de la fonction « produits alimentaires et boissons non alcoolisées ».
Au cours du mois de mars 2024, le chiffre d’affaires dans le commerce est en hausse 7,1% en rythme annuel, après 6,3% le mois précédent. Le chiffre d’affaires dans les services marchands progresse de 3,2% sur un an, après une hausse de 7,2% au mois précédent. En effet, cette décélération du rythme de progression du chiffre d’affaires est imputable au ralentissement de l’activité des « services de transports », des « services d’informations et de communication » et des « services artistiques, sportifs et récréatifs »
Quant à la production industrielle d’or, elle s’élève à 4,544 tonnes en mars 2024, en baisse de 5,7% par rapport au mois précédent et de 6,9% par rapport à son niveau, en 2023. Cette baisse mensuelle de la production d’or en mars 2024 est lié principalement à la baisse de la production des mines de SOMISA (SANBRADO) (-12,4%), de HOUNDE GOLD (-12,5%) et de BISSA GOLD SA (-4,3%)

Prix des principaux biens de grande consommation  

Les prix des principales denrées alimentaires, au mois de mars 2024, connaissent des évolutions diverses. En effet, les prix au kg des céréales sont en hausse de 4,8% pour le maïs blanc, de 4,0% pour le niébé, de 0,8% pour le sorgho blanc et de 0,7% pour le mil local. Cependant, par rapport au premier trimestre 2023, les prix sont en baisse pour le maïs blanc, le mil local et le sorgho blanc, respectivement de 9,5%, de 6,9% et de 4,0%. Quant au prix du niébé, il est en augmentation de 7,4%.
En ce qui concerne le sac de 50 kg de riz local pour le mois de mars 2024, le prix demeure stable alors que celui du riz importé augmente de 0,5% par rapport au mois précédent. Par rapport à mars 2023, le prix du sac de 50kg de riz local est en baisse de 2,9% tandis que celui du sac de 50kg de riz importé en hausse de 11,5%.
En mars 2024, le prix du litre d’huile de coton graine de 0,6% alors celui d’huile de palme importée reste stable. Comparativement à mars 2023, le prix du litre d’huile de coton graine est en repli de 20,2% et celui de la bouteille de 0,9 litre d’huile de palme importée baisse de 0,5%.
Pour ce qu’il y’a du sucre en morceaux, le prix moyen du kg est en baisse de 1,0% alors que celui du sucre en poudre reste stable au cours du mois de mars 2024. Comparé à mars 2023, le prix du sucre en morceaux ainsi que celui du sucre en poudre sont respectivement en hausse de 10,9% et 1,7%. Quant au lait, au cours du mois de mars 2024, le prix du lait concentré sucré de 1kg, du lait infantile (400-500g) ainsi que celui du lait en poudre en boîte (400-500) sont restés stables par rapport au mois précédent. Ils se sont échangés en moyenne, respectivement à 1 595 FCFA et 2 741 FCFA. Par rapport au même mois de 2023, le prix du lait concentré sucré de 1kg est resté stable alors que celui du lait en poudre en boîte (400- 500g) ainsi que celui du lait infantile (400-500g) sont respectivement en hausse de 3,6% et 0,8%.
Pour le ciment en mars 2024, le prix du sac de 50 kg du ciment local ainsi que celui du ciment importé sont restés stables sur un mois. Le sac de 50 kg de ciment local s’est échangé en moyenne sur le marché à 5 944 FCFA contre 5 881 FCFA pour le sac de 50 kg de ciment importé. Par rapport à mars 2023, le prix du sac de 50 kg de ciment local ainsi que celui du ciment importé sont respectivement en baisse de 0,5% et 0,8%.

Finances publiques

Au niveau des finances publiques, les recettes propres du budget de l’Etat sont mobilisées à hauteur de 594,6 milliards de FCFA à fin mars 2024, en hausse de 5,6% par rapport à fin mars 2023. Cette croissance des recettes résulte d’une augmentation des recettes non fiscales et d’une légère hausse des recettes fiscales. En effet, les recettes non fiscales augmentent de 69,0% (+29,2 milliards de FCFA) pour s’établir à 71,6 milliards de FCFA à fin mars 2024. Quant aux recettes fiscales, elles progressent de 0,4% (+2,1 milliards de FCFA) pour s’afficher à 523,0 milliards de FCFA.
Quant aux dépenses publiques, elles se situent à 828,2 milliards de FCFA à fin mars 2024, en contraction de 6,6%. Cette contraction résulte d’une baisse simultanée des dépenses courantes et des dépenses en capital. En effet, les dépenses en capital se contractent de 11,4% (-38,7 milliards de FCFA) pour se situer à 300,7 milliards de FCFA à fin mars 2024 et contribuent à 4,4 points de pourcentage à la baisse des dépenses publiques totales. Le recul des dépenses en capital est imputable à une forte baisse des dépenses d’investissements sur ressources extérieures (-30,8%), notamment les investissements réalisés sur dons qui fléchissent de 58,6%. En ce qui concerne les dépenses courantes, elles se contractent de 3,6% (-19,5 milliards de FCFA), malgré l’augmentation des dépenses de personnel de 15,1%, pour se situer à 527,5 milliards de FCFA à fin mars 2024. Elles contribuent à 2,2 points de pourcentage à la baisse des dépenses publiques. La baisse des dépenses courantes est attribuable à un recul des transferts courants de 21,5% (- 37,5 milliards de FCFA) et des dépenses de fonctionnement de 56,2% (-26,2 milliards de FCFA).

Commerce extérieur de biens

Les exportations totales de biens s’établissent à 828,9 milliards de FCFA à fin mars 2024, en augmentation de 21,4% par rapport à la même période, en 2023. Cette augmentation est liée, essentiellement à la progression des ventes de coton (+88,4%), d’or brut (+16,9%) de ciment (+17,3%) ainsi que de graines d’oléagineux autres que les graines de coton, d’arachides et de karité (+18,7%).
Quant aux importations de biens en fin mars 2024, elles ressortent à 898,2 milliards, en hausse de 3,8% par rapport en 2023. Cette hausse est principalement liée à l’accroissement des approvisionnements en hydrocarbures (+17,1%), en produits pharmaceutiques (+32,7%). Ce qui entraine une balance commerciale déficitaire de 69,3 milliards de FCFA à fin mars 2024, résultant d’une régression des exportations de biens combinée à une forte progression des importations de biens. Toutefois, le déficit est en amélioration de 113,1 milliards de FCFA par rapport à la même période, en 2023.

Monnaie et financement de l’économie

La masse monétaire s’est établie à 5 770,9 milliards à fin mars 2024, en diminution de 86,3 milliards (- 1,5%) par rapport à son niveau à fin février 2024. Cette baisse est observée au niveau des dépôts transférables (-58,9 milliards, soit -2,2%), des autres dépôts inclus dans la masse monétaire, la circulation fiduciaire ayant connu une hausse (+15,4 milliards, soit +1,6%). Au niveau de ces contreparties, la diminution de la masse monétaire est imprimée par le repli des créances intérieures6 de 183,9 milliards de F CFA (-3,6%), imputable à la baisse des Créances nettes du système bancaire sur l’Administration Centrale et des créances sur l’économie, atténuées par la hausse des Actifs Extérieurs Nets de 131,4 milliards de F CFA (+7,6%).

Evariste Compaoré,
Doctorant en Economie à l’Université Joseph Ki Zerbo