Brefs sont les amour-souvenirs à la Saint-Valentin !

Elle était en noir vêtue en ce début de l’automne 2006.
Est-ce là un souvenir cauchemardesque en moi qui ne rêvais que du blanc !
Avec sa silhouette élancée à l’éthiopienne, elle avait l’audace maline de passer à mes côtés, me laissant juste sentir cette odeur de parfums « vieille-mère-albertaine » que j’aimais en elle, comme compagnons héritiers d’un souvenir ambigu !

Que dois-je faire ? Me comporter comme un chanceux imbécile qui ne la désirait que par souvenir fantasmatique !

Un seul recours m’envahit l’esprit : elles ont été formidables, mes amours…chacune avec ses odeurs envoûtantes, sensuelles aux caresses noires, parce que heureuses et joyeuses tout simplement.

J’étais moi heureux, en la revoyant et par référence à ces amours lointaines…on s’en souviendra parce qu’inachevées. On les ressuscite à des moments heureux…ces amours-là à la Saint-Valentin !

Fin automne marquait nos rencontres, juste à travers les longs couloirs…surtout séparés poliment par des « comment vas-tu ? », histoire de marquer davantage nos distances physiques, nos différences, nos vies. C’était des fausses vues, parce que masquées par le non-dit du passé.

Il arrivait, lors des conférences et ateliers, que nous soyons juste des voisins par le hasard impatient…on se cachait par le frottement de nos fronts cherchant maladroitement à masquer nos regards…est-ce là un signe de révéler virtuellement en ce bref instant sa présence…content de te revoir malgré…encore toi !

En cet hiver long, l’ennui pesant activa ma pensée vagabonde sur elle avec cette neige fine qui ne rime qu’avec le blanc…cette couleur qui marque les empreintes de mes pieds noirs. En souvenir des jeux sur le sable où seul l’harmattan est capable d’effacer ces traces indélébiles, je prenais plaisir à traîner deux cœurs avec mes deux pieds noirs en finissant par un petit mémorial à l’enfance : je veux rêver d’un amour blanc, deuil d’un érotisme noir en sachant que la prochaine tombée de neige va inéluctablement effacer et pour de bon ces deux malheureux cœurs momentanément mixés, ou alors …m’échapper de rêver d’une tombée de poussière de sable fin, laissant ses empreintes blanches s’émerveiller sur l’esprit des deux êtres qui se sont juste aimés à un temps indéfini, souvenirs de l’Ouest-canadien !

Oliver Zemba
Kaceto.net