Alors que la demande a considérablement augmenté depuis le début du Ramadan, le sucre est pratiquement introuvable dans plusieurs boutiques de la capitale. Quand on en trouve, le prix est hors de portée du consommateur moyen. Pourquoi ?
Tentative d’explication.

Gabriel Paré a la mine des mauvais jours. Pour la nième fois, le boutiquier vient de lui dire qu’il ne vend pas de sucre. Il va donc devoir à nouveau pousser sa vieille mobylette pour la faire démarrer, rouler encore quelques minutes avec l’espoir de trouver enfin ce produit devenu rare dans son quartier. Avec un peu de chance, les quelques centilitres de carburant qui restaient dans le réservoir de son engin lui permettent de rallier une boutique qu’il avait repérée dans le quartier. Ici, le sucre est bien disponible, mais uniquement le blanc, pas le blond de la SUSUCO qu’il voulait. Première déconvenue. Mais le pire est devant. Quant il commande quatre (4) paquets de sucre, la facture que le boutiquier lui tend le met hors de lui : 900 F le paquet, soit 3600 F pour sa commande. Paré est hors de lui, commence à crier à l’arnaque. Il n’a pas tort. Le 17 mars dernier, le ministère du Développement industriel, du commerce, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises a publié un communiqué indiquant les prix du sucre fabriqué par la SN SOSUCO : 600 F le kg de sucre granulé et 750 F le paquet de un (1) kg.
D’où vient alors que ce commerçant véreux veuille lui vendre plus cher que le prix officiel ? "Monsieur, c’est le prix comme ça. C’est à pendre ou à laisser. Le gouvernement n’a qu’à faire baisser le prix parce que je paie le carton de sucre à 19 500 F au lieu de 17500 F. Comment je peux vendre le paquet à 7500 F dans ces conditions", réplique le boutiquier manifestement irrité par l’interpellation qui lui a déjà été faite par d’autres clients.
Qu’est-ce qui peut bien expliquer la pénurie de sucre dans cette période de ramadan où la demande est en forte hausse, sachant que la SN SOSUCO n’a pas augmenté ses prix et que sa production n’a pas baissé ? Qui peut bien avoir organisé cette rareté du sucre pour mieux en profiter ?
Selon nos informations, le ministère en charge du Commerce n’est pas resté les bras croisés face à ce qui ressemble à une spéculation sciemment organisée. Tout naturellement, un de ses services, en l’occurrence la Direction générale de la réglementation et du contrôle des prix s’est intéressé aux pratiques des membres du Réseau des importateurs et distributeurs de produits alimentaires (RIDA), sorte de Faîtière de tous ceux qui sont dans le secteur de la distribution. Bingo ! Dans ses investigations, la Direction générale de la réglementation et du contrôle des prix n’a pas tardé à épingler la société GENEDIS, un des poids lourds des grossistes opérant sur l’ensemble du territoire national. De bonnes sources, cette société aurait augmenté de manière très exagérée les prix facturés aux semi-grossistes à la tonne alors que le prix usine n’a pas augmenté d’un centime ! Selon un contrôleur, GENEDIS, qui a été entendue par les experts du ministère, se serait rendue coupable de "pratiques de prix illicites" et s’expose dans ce cas à une forte amende. Et aux malédictions de Gabriel Paré !

Kaceto.net