Plus qu’une fierté nationale, le professeur Paulin J. Hountondji disparu le 2 février dernier à 82 ans, est un monument de la pensée philosophique africaine. Philosophe engagé, c’est un pourfendeur de l’ethnophilosophie à l’instar de son condisciple camerounais Martien Towa

Son tout premier article « Charabia et mauvaise conscience : psychologie du langage chez les intellectuels colonisés », paru en 1967, a eu un succès retentissant. Il a coordonné la Commission de philosophie de la Société africaine de culture, volet associatif de la librairie et des éditions Présence africaine, à la fin des années 60.

Au début des années 70, ce digne représentant de l’intelligentsia béninoise s’est illustré dans la défense du droit à une pensée critique et libre à la créativité comme gage de progrès pour les peuples africains. Les gens d’un certain âge se souviennent de son court article mais au succès éclatant : « Qu’est-ce qu’une révolution ? » paru dans Daho-Express, lu et relu à la Radio nationale. Un texte qui se retrouve dans l’opuscule Libertés : contribution à la révolution dahoméenne, préfacé par son condisciple feu Guy Landry Hazoumé, l’autre valeur de la pensée philosophique du Bénin et de l’Afrique.

Agrégé de philosophie et docteur ès lettres sorti de l’Ecole normale supérieure de Paris, le professeur Paulin Hountondji, enseignait depuis 1972 à l’Université nationale du Bénin devenue Université d’Abomey-Calavi. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la philosophie et la pensée en Afrique tels que La philosophie africaine (Paris, Maspéro, 1976), Les Savoirs endogènes : pistes pour une recherche (Dakar, Éditions du Codesria, 1994), Economie et société au Bénin (Paris, Editions L’harmattan, 2000).

Le philosophe béninois a été membre fondateur du Conseil interafricain de philosophie (Ciap). Il a dirigé le Centre africain des hautes études, après avoir tenu les portefeuilles de ministre de l’Education nationale de 1990 à 1991, puis de ministre de la Culture et de la Communication de 1991 à 1993 sous le président Nicéphore Soglo.

Grand officier de l’Ordre national du Bénin, commandeur des Palmes académiques et Prix de la Fondation Prince Claus des Pays-Bas, sont quelques distinctions à lui décernées.

Un vrai intellectuel s’en est allé. Qu’il repose en paix et que ses œuvres inspirent la jeune génération !.

La nation