Lors du dernier sommet des chefs d’état des pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenu à Accra, au Ghana le 15 septembre 2020, les chefs d’Etat ont sommé la junte militaire de remettre le pouvoir à un président et un premier ministre civil, sous peine d’un durcissement des sanctions économiques prises contre le pays. Une menace à prendre au sérieux d’autant que l’espace CEDEAO constitue la première zone d’approvisionnement du Mali, un pays enclavé sans littoral.

La CEDEAO a pris des sanctions économiques contre le Mali en réponse à la prise du pouvoir par les militaires. Après, des négociations avec la junte militaire, elle appelle désormais à la remise du pouvoir à un civil pour assurer une transition devant aboutir à l’organisation des élections et au rétablissement l’ordre constitutionnel. L’embargo ou le blocus économique s’est matérialisé initialement par la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali et une invitation des partenaires à faire de même. Le principe des sanctions économiques est de passer par une pression économique sur le pays afin de contraindre le pouvoir à céder. Les sanctions ont été ensuite assouplies en levant les mesures sur les denrées de première nécessité, les médicaments, le carburant, et l’électricité.

Selon les statistiques sur le commerce extérieur au premier trimestre de l’année 2020, juste avant les mesures de sanction, la CEDEAO constitue la 3ème zone de destination des exportations du Mali avec 33,433 milliards de FCFA derrière la SADC (Communauté de développement de l’Afrique Australe) et l’Union européenne.
Le Burkina Faso (2,29%), la Côte d’Ivoire (1,45%), le Sénégal (1,38%), la Guinée (0,77%) et le Niger (0,60%) figurent parmi les 10 premiers clients du Mali.
Par ailleurs, la CEDEAO, constitue la première zone d’approvisionnement du Mali, avec 315,832 milliards de FCFA. Le commerce extérieur pèse pour plus de 50% dans le PIB du Mali. Cela révèle l’étendue du poids économique des sanctions sur l’économie malienne mais aussi sur ses partenaires commerciaux.
Les sanctions économiques pèsent logiquement sur les populations civiles particulièrement celles dont les sources de revenu sont directement liées à la chaîne import-export. En plus de réduire les échanges, l’embargo augmente les coûts de transaction (plus de temps pour la circulation des marchandises, pots de vins…). L’allongement du temps d’approvisionnement engendre des pertes pour les produits difficilement conservables. Tout cela a pour conséquence économique immédiate, le manque de denrées et la hausse des prix.
« Voilà, tout cela, c’est gâté. C’est à jeter ! Il y a des postes de contrôles tous les 20 ou 40 kilomètres. Les marchandises sont gardées sur la route. On en a marre. On souffre avec cet embargo » Propos d’un Malien (Seydou Diakité) devant un camion chargé d’orange en train de pourrir (RFI)
Les populations maliennes paient le lourd tribut de l’embargo dans un contexte déjà fragilisé par la crise sécuritaire et sanitaire.

Florent Maré
Doctorant en Economie
Université Thomas Sankara
Kaceto.net