La mairie de Ouagadougou est enfin sortie de son silence pour apporter des éléments de réponses aux revendications de certains ouvriers manœuvres qu’elle emploie occasionnellement lors d’une conférence de presse hier 26 avril dans la salle de délibération. Face à ceux qui avaient observé un mot d’ordre de grève, le 1er adjoint au maire, Moussa Belem a été clair : celui qui n’a pas travaillé et pointé ne peut être payé !

Intégration dans la fonction publique territoriale, reconstitution de carrière, affiliation à une caisse de retraite, voici les principales revendications formulées par des manœuvres occasionnels que la mairie de Ouagadougou emploie et qui font l’objet d’une grogne sociale depuis plusieurs mois. Hier encore, alors que l’équipe municipale était face aux journalistes dans la salle de délibération, ces manœuvres occasionnels comme le qualifie la mairie, étaient à nouveau rassemblés devant l’entrée principale de l’hôtel de ville pour se faire à entendre. Pancartes en main, ils réclament d’être payés en contrepartie de deux mois travaillés, ce que la mairie conteste. C’est tout l’objet de la discorde. "Depuis une vingtaine d’années, la mairie fait recours à des manœuvres occasionnels en cas de besoin pour les affecter à des tâches de salubrité, d’aménagement paysager, de travaux de bâtiment et d’hygiène publique.De ce fait, il s’agit bien de tâches occasionnelles qui sont exécutées et payées après pointage de leur présence effective" déclare d’entrée le premier adjoint au maire, Moussa Belem, principal animateur de la conférence de presse. Or, explique t-il, des manœuvres employés occasionnellement, au jour le jour, pointés et payés à la fin du mois, ont observé un mot d’ordre de grève illimitée qu’ils ont notifiée le 5 novembre 2020 à l’autorité municipale.

"Pour ne pas laisser la ville salle, nous avons alors fait recours à des associations pour renforcer une partie d’entre eux qui n’étaient pas allés en grève et continuer le travail, notamment l’enlèvement des ordures, l’élagage des arbres, la lutte contre la divagation des animaux", explique le Directeur général des services techniques municipaux, Ardiouma Zoma. Puis en février 2021, les grévistes envoient via la Confédération syndicale burkinabè (CSB) à laquelle ils se sont affiliés, une deuxième lettre informant la mairie de la fin de leur mot d’ordre de grève.
Ils comptent retrouver "leurs postes de travail" comme avant et surtout, souligne la mairie, revendiquent d’être payés pour les jours non travaillés. Impossible, rétorque la mairie car, "chacun sait que l’administration ne paie que les services faits et constatés. C’est la règle d’or de la dépense publique. C’est aussi la règle qui s’applique aux manœuvres occasionnels qui ne sont nullement des fonctionnaires de la commune".
Le 15 avril dernier, les grévistes manifestent à nouveau dans la cour de l’hôtel de ville. Le maire Armand Béouindé reçoit une délégation dans son bureau. Face lui, les délégués posent la question de leur paiement qui n’arrive pas. Le maire promet que leur problème sera réglé dans les 48 heures qui suivent, le retard étant dû au temps nécessaire pour mettre en oeuvre une nouvelle procédure de paiement par les moyens électroniques existants, conformément au décret N° 2020-0725/PRES/PM/MINEFID/MCIA/MDENP du 24 août 2020 portant numérisation des paiements au Burkina Faso. Répondant à une question sur le respect de la promesse du maire Béouindé, le premier adjoint Mousa Belem a levé ce qui ressemble bien à un quiproquo. "Oui, le maire a promis de payer dans les 48 heures, mais cette promesse ne concerne que ceux qui ont travaillé et non ceux qui ont fait la grève".
Selon la directrice des Ressources Sylvie Ouoba Somé, "tout a été mis en oeuvre pour que ceux qui ont travaillé perçoivent leur dû via les comptes électroniques. Environ 500 personnes ont déjà reçu leur argent dans leurs comptes à la date d’hier 26 avril". Pour les grévistes, la mairie campe sur ces positions, pas question de payer des gens qui n’ont pas travaillé.
Sur les autres points de leur plateforme, les conférenciers d’hier ont indiqué qu’une commission ad’hoc inclusive, composée de cadres de la mairie, du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation et des travailleurs occasionnels a été mises en place pour trouver une solution à leurs revendications. Les conclusions des travaux de cette commission sont à présent entre les mains du ministre du MATD. Il faut donc attendre, ce qui exaspère les grévistes d’autant qu’ils ne sont pour l’instant pas employés.
"Nous allons regarder ce qui peut être fait dans la nouvelle organisation que nous avons mise en place quand ils étaient en grève", promet le DG Ardiouma Zoma, insistant toutefois sur le fait que "les grévistes ne doivent pas s’attendre à se retrouver sur les sites où ils avaient l’habitude de travailler".

Dominique Koné
Kaceto.net