Les USA ont publié une liste de plus de 40 personnes et entités dans neuf pays, sanctionnées pour des raisons de corruption et d’atteintes aux droits humains. Deux ex-dirigeants ouest-africains y figurent.
L’ancien président de la Guinée, Alpha Condé (photo), et le fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta, sont, tous les deux, accusés par le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain de, respectivement, graves violations des droits de l’homme en guinée et corruption au mali. L’information a été rendue publique vendredi 9 décembre par le gouvernement des Etats-Unis.
Selon la note d’information, les forces de sécurité guinéennes ont commis des actes de violence contre les partisans de l’opposition d’Alpha Condé jusqu’au référendum constitutionnel de mars 2020, pendant et après l’élection présidentielle guinéenne d’octobre de la même année, qui s’est soldée par la victoire de ce dernier pour un troisième mandat.
« Entre autres incidents, les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles sur des foules qui s’étaient rassemblées pour célébrer l’annonce de la victoire de l’opposition de Condé et ont tiré sur deux mineurs, en tuant un, et ont tiré sur un autre dans le dos alors qu’il s’enfuyait. Après l’élection d’octobre 2020, les forces de sécurité auraient tué plus d’une douzaine de personnes, y compris des personnes tuées à bout portant qui ne présentaient aucun danger immédiat pour les forces de sécurité », explique la note d’information.
Concernant Karim Keïta, les USA l’accusent d’avoir utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribuer des contrats à des sociétés affiliées, et détourner des fonds publics en surpayant des contrats de matériel. Les faits se seraient déroulés entre février 2014 et août 2020, alors qu’il était président de la Commission de sécurité et de défense de l’Assemblée nationale du Mali. Il aurait, en outre, organisé l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent de Birama Touré, un journaliste qui enquêtait sur l’implication de Keïta dans la corruption.
« De multiples témoins affirment avoir vu Touré dans une prison gérée par les services de renseignement maliens, avec des signes évidents de torture brutale. Au moins un témoin a affirmé avoir vu le corps apparemment sans vie de Touré sortir de la prison en présence de Keita », révèle le communiqué du Département d’Etat américain.
En conséquence de ces accusations, l’OFAC a décidé de « bloquer tous les biens et intérêts dans les propriétés » des deux personnalités incriminées se trouvant aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de personnes américaines. La note d’information précise que la mesure concerne également toutes les entités qui sont détenues, directement ou indirectement, à 50 % ou plus, par l’ex-président Alpha Condé et Karim Keïta.
Notons que Karim Keïta s’est exilé en Côte d’Ivoire, où, selon le gouvernement américain, il occupe le poste de PDG de Konijane Strategic Marketing. Quant à Alpha Condé, il vit en exil en Turquie alors que la justice guinéenne l’a inculpé pour crimes de sang.
ECOFIN
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