L’institution a exprimé sa « préoccupation » quant à la situation des migrants subsahariens en Tunisie. Contrairement à la Banque mondiale, elle a cependant annoncé le maintien de son soutien à ce pays d’Afrique du Nord qui espère un renflouement de 1,9 milliard de dollars.

Le Fonds monétaire international (FMI) s’est dit, mercredi 8 mars, « préoccupé » par les attaques ciblant les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne en Tunisie depuis le discours anti-immigration tenu par le président Kaïs Saïed le 21 février dernier.

« Le FMI est préoccupé par les récents développements en Tunisie et prend acte des mesures prises par les autorités pour faire face à la situation », a déclaré l’institution à Bloomberg.

L’institution a également annoncé le maintien de son soutien à ce pays d’Afrique du Nord, qui avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars.

« Le FMI reste engagé avec la Tunisie, notamment pour soutenir les efforts visant à renforcer l’équité sociale et à promouvoir une croissance inclusive », a précisé le porte-parole de l’institution financière multilatérale.

La Banque mondiale avait annoncé, lundi 6 mars, la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de son cadre de partenariat avec la Tunisie, en raison des agressions physiques et verbales ciblant les migrants originaires d’Afrique subsaharienne.

La décision de la Banque mondiale concerne le cadre de partenariat pays (Country Partnership Framework/CPF), qui sert de base de suivi par le conseil d’administration de l’institution pour fournir des aides au pays. De ce fait, l’institution ne peut plus lancer de nouveaux programmes d’aide à la Tunisie tant que son conseil d’administration ne s’est pas réuni pour évaluer l’évolution de la situation des migrants dans le pays.

Le président tunisien Kaïs Saïed avait accusé, lors d’un discours prononcé le 21 février dernier, les « hordes de migrants subsahariens » d’être à l’origine de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a également estimé que leur venue relève d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour modifier la composition démographique de la Tunisie » afin d’en faire « un pays purement africain » et d’estomper son « identité arabo-musulmane ». Ce discours xénophobe a suscité l’indignation des ONG et des défenseurs des droits humains, et provoqué une recrudescence des agressions physiques et verbales contre les migrants subsahariens.

Face à l’ampleur des réactions à l’échelle locale et internationale, le gouvernement tunisien a annoncé, dimanche 5 mars, des « mesures pour améliorer la situation des étrangers en Tunisie et faciliter les procédures » de régularisation de leur situation. Il a notamment promis de « délivrer des cartes de séjour d’un an aux étudiants ressortissants de pays frères africains pour faciliter leur séjour et leur permettre de renouveler périodiquement leurs documents », de « prolonger les attestations de résidence de trois à six mois » et de « faciliter les opérations de retour volontaire dans un cadre organisé et en coordination avec leurs missions diplomatiques », en exemptant les candidats au retour volontaire des pénalités s’élevant à 80 dinars (24 dollars) par mois.

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