Marcel Tankoano, président du M21, Abdul Karim Baguian dit Lota, Karim Thiombiano, tous mis aux arrêts par la police pour des raisons qui sont pour l’instant inconnues. Désiré W. Guinko serait également arrêté. Des arrestations que dénonce le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina.
Le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina est très préoccupé par les arrestations récentes de plusieurs leaders d’organisation de la société civile. Ainsi, après plus de sept mois de gestion du pouvoir d’État caractérisés par une aggravation de la crise sécuritaire et humanitaire et l’exacerbation de la crise diplomatique, économique et de la cohésion sociale, le régime Traoré passe à l’étape du musèlement qui est inhérente à tout régime dictatorial. Ces manœuvres visent, à tout point de vue, à masquer l’absence de résultats probants sur le plan de la reconquête de notre territoire national.
Nous avons assisté à l’arrestation de M. Marcel Tankoano, président du M21 le vendredi 5 mai 2023, puis de M. Abdul Karim Baguian dit Lota le dimanche 7 mai 2023 et l’activiste M. Karim Thiombiano. Ce dernier fut arrêté à Fada puis conduit à Ouagadougou. Aujourd’hui, il est annoncé l’interpellation de M. Désiré W. Guinko, porte-parole du Front Uni pour le Faso. Jusqu’à présent, le Collectif est dans l’impossibilité de savoir les charges retenues contre M. Tankoano et M. Banguian.
En rappel, dans un récent communiqué nous mentionnions une liste, établie par des éléments du régime, de personnes à traquer parmi les leaders d’opinion, les journalistes et les activistes. La machine répressive est déclenchée désormais contre toutes les voix discordantes et les défenseurs de l’état de droit au Burkina Faso. Ainsi, opiner, manifester sa désapprobation de la gouvernance actuelle, ou informer le public sur la conduite peu reluisante de l’Etat du Burkina Faso par le régime de la transition et particulièrement le président capitaine Ibrahim Traoré, expose à des menaces de tout genre ou d’être considéré comme un ennemi de la patrie, tout ceci pouvant donc conduire à une arrestation.
Notre Collectif est profondément attaché à l’état de droit, et pour ce faire, il demeure soucieux du respect des valeurs et des principes édictés par l’Etat de droit et garantis par notre constitution, nos lois et également par les traités internationaux dont nous sommes signataires. C’est la raison pour laquelle nous dénonçons ces arrestations et ces détentions qui donnent l’impression d’une chasse aux sorcières au regard de la manière et de l’identité des personnes ciblées. Il y’a de bonnes raisons de le croire. Car d’une part, ces arrestations interviennent au lendemain de l’interview du Chef de l’Etat, dans laquelle il dit explicitement qu’il « cessera d’être gentil », indexant ainsi ceux qui sont considérés à tort depuis un certain temps aux yeux du régime et de ses supporters comme les ennemis intérieurs du pays. D’autre part, certains de ces leaders d’organisation de la société civile ont été arrêtés par des agents de la police habillés en tenue civile alors qu’ils faisaient leurs courses. Ces méthodes sont regrettables dans notre contexte d’insécurité.
Le Collectif exige que les autorités respectent les droits des citoyens et la loi dans le cadre de toute procédure et qu’elles s’abstiennent de recourir à certaines méthodes qui violent les droits des citoyens. Nous demandons l’application stricte et scrupuleuse des dispositions de notre loi fondamentale dans ce contexte de crise socio-sécuritaire majeure et de transition politique pendant laquelle les risques d’abus et d’atteintes graves aux droits de l’homme sont potentiellement élevés.
Au regard de ce qui précède, le Collectif voudrait prendre l’opinion publique nationale et internationale à témoin, afin :
– d’attirer une fois de plus l’attention des autorités de la Transition, tout en pointant leur responsabilité, quant aux conséquences des dérives qui ont court dans notre pays sur fond d’arbitraire. Ces dérives qui ont pour noms la persécution, le harcèlement, les menaces, la diabolisation, les arrestations, la catégorisation, … à l’encontre des leaders d’opinion, des journalistes et des activistes qui tiennent simplement à exercer leurs libertés fondamentales comme l’autorise la Constitution burkinabè ;
– de faire savoir que le Collectif est attaché à la vérité et suit de très près le cas des leaders d’organisation de la société civile arrêtés et/ou détenus.
– de rappeler aux autorités actuelles, que seule la réduction de la partie du territoire national occupée par les terroristes et la réduction du nombre de nos concitoyens déplacés internes, permettront la survie du régime et que les arrestations arbitraires n’y peuvent rien ;
– de réaffirmer aux autorités actuelles que toute dégradation du climat socio-politique sera entièrement de leur fait et elles devront en assumer l’entière responsabilité aujourd’hui comme demain.
Fait à Ouagadougou, le 08 mai 2023
Pour le Collectif
Le Porte-parole
Dr Arouna Louré
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