Le chef d’escadron et commandant de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie (USIGN), François Zoungrana en avait gros sur le cœur. Les jugements à l’emporte-pièce proférés par certains sur l’engagement de la gendarmerie qui serait douteuse dans la lutte contre le terrorisme l’ont blessé et il a décidé de rétablir sa vérité. Le texte ci-contre est sorti des trippes d’un officier qui a consacré des années de sa carrière dans l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie et dont il vante les mérites.
Mais heureuse coïncidence, son coup de gueule est tombé au bon moment et certaines de ses craintes ont été levées. Le nouveau commandant de la gendarmerie, le Lieutenant-colonel Natama Kouagri qui a pris ses fonctions le 10 octobre 2023, succédant au lieutenant-colonel Evrard Somda a été on ne peut plus clair dans son discours de prise de commandement : la gendarmerie ne sera pas dissoute et désormais, la communication occupera une place importante dans la vie de cette institution républicaine
Peuples du Burkina Faso, Vous devez rendre hommage à la gendarmerie !
Je voudrais tout d’abord que vous sachiez qu’aucune intention politique ou malveillante ne se cache derrière cet écrit. Je le fais en toute lucidité avec la pleine conscience de mon devoir de réserve en tant que militaire. Cependant, je le fais aussi en adéquation avec ma déontologie d’officier qui refuse que sa dignité soit bafouée.
Je le fais aussi pour préserver le moral de mes hommes qui sont, à l’heure où je vous parle, encore déployés dans plusieurs endroits à l’Est, à l’Ouest, au Nord et dans le Sahel pour faire face aux terroristes. Force et honneur à vous, chers immortels. En tant que chef, mon devoir le plus absolu est de me mettre devant pour défendre mes hommes dans les moments d’adversité. C’est ce serment que j’ai prêté et j’ai l’intention de l’honorer quoi qu’il en coute. J’ai décidé de parler aujourd’hui car ma dignité ne permet pas de laisser vilipender la Gendarmerie par des mensonges orchestrés à travers les réseaux sociaux pour salir l’image d’une institution noble qui, au fil de l’histoire, a été garante de la stabilité du pays au prix de grands sacrifices que certaines personnes veulent faire oublier. Mais les ancêtres ne dorment pas. Et le « sable ne ment pas non plus comme le dirait quelqu’un. »
Je ne peux surtout pas laisser raconter des mensonges sur l’Unité Spéciale d’intervention de la Gendarmerie au sein de laquelle j’ai consacré les dix dernières années de ma carrière engagé dans la lutte contre l’insécurité sous toutes ses formes, notamment contre le terrorisme. Il est donc temps pour nous aussi, de dire au peuple le rôle joué par la Gendarmerie et l’USIGN en particulier pour la sauvegarde de la Patrie.
Avant toute chose, je pense que je dois me présenter de façon détaillée afin de donner de la crédibilité à ce que je vais raconter. A travers ma présentation, vous allez voir une partie de l’histoire de la lutte contre le terrorisme et du rôle joué par la Gendarmerie à travers l’USIGN.
Je suis le Chef d’Escadron François ZOUNGRANA, commandant de l’Unité Spéciale d’intervention de la Gendarmerie depuis Novembre 2021. Avant de rejoindre la Gendarmerie, j’étais un officier d’infanterie parachutiste affecté à l’Armée de terre au 12e Régiment d’infanterie commando à Ouahigouya de 2009 à 2011. En 2011, Sous-lieutenant de mon état, j’ai refusé de prendre la poudre d’escampette lors de la mutinerie. Je suis donc resté auprès de mes hommes pour les encadrer et les écouter. Cela m’a valu une prise d’otage temporaire et même des coups de crosses de certains de mes hommes égarés. J’ai quand même réussi à les convaincre de ne pas piller les populations et Ouahigouya est restée l’une des garnisons où les militaires ont été contenus dans leurs mouvements. Cela m’a valu une lettre de félicitations du président Blaise Compaoré à l’époque.
J’ai rejoint la gendarmerie en 2011 et muté à Tenkodogo où j’ai passé deux ans à lutter contre le grand banditisme qui sévissait dans la zone. J’ai rejoint l’USIGN en 2014 quelques mois après sa mise en place pour seconder le Lieutenant-colonel Evrard SOMDA. C’est vous dire que depuis 2014, j’ai dirigé la quasi-totalité des grandes opérations que nous avons accomplies avec succès depuis les ripostes aux attaques terroristes à Ouagadougou jusqu’aux réductions des bases terroristes dans plusieurs zones à l’intérieur du pays. Je voudrais à l’entame de mon propos, rendre hommage aux vaillants combattants de l’USIGN vivants ou tombés sur le champ d’honneur pour les sacrifices consentis au fil des années. Vous êtes des héros. Et aujourd’hui, au lieu de vous célébrer, on veut vous salir.
Je profite d’ailleurs de l’occasion pour rétablir un fait qui me tient à cœur depuis des années. Je dis, je persiste et je signe que lors de l’attaque de l’Hôtel splendide, les trois terroristes ont bel et bien été neutralisés par une équipe de l’USIGN. Certes, les Français étaient là en première ligne, mais la riposte a été menée de façon conjointe avec l’USIGN du début jusqu’à la fin. J’étais d’ailleurs en première ligne dans la colonne d’assaut française pendant toute l’opération pour des fins de coordination. C’est donc moi qui ai donné l’information au commandant des forces spéciales sur le nombre et la nature des terroristes neutralisés par une équipe d’appui de l’USIGN montée sur un véhicule blindé placée face au Maquis Taxi-Brousse. Le peuple burkinabé doit connaitre la vérité et en être fier. Il doit savoir d’ailleurs beaucoup d’autres vérités qui leur ont été cachées notamment sur les sacrifices consentis par les gendarmes qu’on essaye de décrédibiliser de nos jours. Bref, ceci était une parenthèse. J’ai donc dirigé les opérations lors des attaques terroristes au restaurant Aziz Istanbul, à l’Ambassade de France, à l’Etat-Major Général des Armées, à Rayongo, etc., j’étais engagé sur le terrain au côté de mes hommes lors de ces opérations.
Après cette vague d’attaques urbaines, la menace s’est accentuée en milieu rural. Les premiers engins explosifs improvisés, découverts dans la zone de Djibo, avaient considérablement réduit les mouvements des unités conventionnelles. Nous avions reçu la mission d’aller les appuyer pour porter un coup aux groupes terroristes qui n’étaient encore que des embryons. Nous avions alors décidé d’y aller de manière non conventionnelle en utilisant les mêmes montures que l’ennemi : des motos ALOBA. En fait, cette suggestion venait de mon expérience dans la lutte contre le grand banditisme au centre Est, où nous avions expérimenté de manière efficace l’usage de ces motos contre les coupeurs de route. Je me suis donc inspiré de cette expérience pour mettre en place la tactique de combat à moto qui s’est généralisée à toutes les Forces Armées actuellement. En réalité, pendant que tout le monde était convaincu que la solution était les véhicules blindés, nous avions plutôt pensé qu’il fallait agir comme l’ennemi pour pouvoir le maitriser sur son propre terrain. C’est ainsi que nous avons inventé le combat décentralisé adapté à l’ennemi asymétrique avec l’usage de motos. Cette solution était d’ailleurs moins coûteuse et très efficace. Pendant 6 mois et avec ces motos uniquement, dans la zone de Djibo, nous avions traqué les groupes terroristes jusqu’à la neutralisation de leur chef sur la colline de PETEGA (Cf. Archives de la presse).
L’avenir nous a donné raison car toutes les FDS ont adopté cette technique de combat que nous avons inventée au regard de son efficacité. Nous avons d’ailleurs été sollicités plusieurs fois pour former plusieurs unités aussi bien au sein de la Gendarmerie que dans les autres Forces de défense et de sécurité. [Nous avons formé plusieurs unités COBRA et des compagnies d’infanterie sur le combat motorisé dans notre centre de formation à Loango ou dans leurs casernes. Nous avons formé des Groupes d’opérations spéciales de plusieurs régiments qui constituent le fer de lance au sein de leurs corps.] Cela est un fait, une vérité indéniable. Nous l’avions fait en toute fierté et avec la conviction que c’est ensemble que nous allons vaincre l’ennemi.
Après ces missions, nous nous sommes engagés dans les opérations spéciales à travers les offensives sur les bases terroristes. Nous avons démantelé des dizaines, soit dans des actions isolées, soit en unité d’action avec notre unité sœur, les Forces Spéciales de l’Armée de terre. Quelques opérations emblématiques peuvent être citées telles que la reprise de MANSILA dans le YAGHA une année après que les FDS eurent été chassées par les terroristes qui avaient pris le village en otage. Le village a été libéré par seulement 40 opérateurs de l’USIGN appuyés par l’Armée de l’air.
Le nettoyage de la base de TASMAKAT effectué par un Groupe de l’USIGN, soit 20 opérateurs commandés par un sous-officier supérieur. Cette opération a permis de neutraliser plus d’une centaine de terroristes et récupérer un lot important d’armes.
Depuis le début de la lutte contre le terrorisme, nous avions toujours sollicité dans les moments difficiles aux cotés de nos frères d’armes sans considération de couleur de béret. Quelques exemples permettent d’illustrer cela :
En 2018, le détachement militaire de KOMPIENBIGA fut attaqué et un nombre incalculable d’armement furent récupérés par les terroristes. En coordination avec l’ANR, nous avions planifié et exécuté une opération avec l’appui de l’Armée de l’air pour récupérer la quasi-totalité de l’armement des mains des terroristes. L’action au sol a été conduite uniquement par des Groupes d’opérations spéciales de l’USIGN. L’armement a été remis aux autorités militaires de la région de l’Est.
Le 19 Août 2019, suite à l’attaque du détachement militaire de KOUTOUKOU ayant conduit à la mort d’une trentaine de militaires, face aux difficultés d’accéder aux décombres pour récupérer les morts, la grogne commençait à s’installer au niveau de la troupe. Un groupe de l’USIGN (10 opérateurs seulement) a été dépêché de ARBINDA pour aller sécuriser les lieux et permettre aux hélicoptères d’enlever les dépouilles. La mission fut conduite par l’emblématique DOYE Pascal, décédé plus tard à OUANOBE. Les éléments y sont restés pendant 24 heures dans la gueule du loup avec un gros volume ennemi autour. Ce fut un succès.
A ARBINDA, les VDP et les populations peuvent témoigner du rôle de l’USIGN en particulier et de la Gendarmerie en général dans la sécurisation de leur village et environnants et surtout lors des attaques terroristes les 20 et 24 décembre 2019. D’ailleurs, je fais la parenthèse pour dire que l’idée de la mise en place des VDP a été germée certes à , l’ANR, mais suite à une expérience faite par l’USIGN à ARBINDA. Eh bien, c’est à ARBINDA que nous avions croisé des jeunes volontaires dynamiques venus manifester leur volonté d’aider le détachement de Gendarmerie à faire face aux terroristes. C’est ainsi que nous avions engagé un recrutement en leur sein et initié une formation sous le leadership du LCL SOMDA, commandant d’unité. Par le truchement de l’ANR qui avait trouvé l’idée brillante, nous avions pu récupérer de l’armement pour les équiper et ainsi débuter des patrouilles de sécurisation avec eux. Leur succès va inspirer l’ANR à étendre le projet à d’autres villages. C’est ainsi que sous le leadership de l’ANR et du CEMGN, nous avions formé 650 Volontaires avant que le projet des VDP ne se mette en place formellement à travers une loi. Lorsque la loi fut adoptée, elle a confié l’administration des VDP à l’Armée de terre. Nous avions donc reversé la gestion de ces volontaires au Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre (CEMAT) à l’époque. Nous avions aussi partagé notre expérience dans leur formation. J’ai personnellement conçu le programme de formation sur une durée de deux semaines en prenant en compte la formation psychologique, la compréhension des enjeux du terrorisme, la formation civique et patriotique mais aussi le respect de la diversité culturelle, le refus de la stigmatisation et l’importance des droits de l’homme pour éviter la radicalisation d’une frange de la population qui pourrait se sentir ciblée. Je profite de cette tribune pour saluer d’ailleurs les sacrifices consentis par ces braves volontaires qui n’avaient rien comme équipement, mais qui forçaient l’admiration par leur engagement et leur bravoure. Je salue la bravoure et l’engagement des VDP actuels en général et leur demande de faire honneur à leurs anciens qui prenaient des initiatives pour attaquer une base terroriste avec une Kalachnikov et un chargeur et 15 cartouches. Renseignez-vous sur l’action des volontaires à BOURZANGA en 2019, l’un de leurs premiers hauts faits de guerre où ils ont neutralisé plusieurs terroristes avec des fusils de chasse et quelques Kalachnikov et récupéré des AK47, PKMS et RPG.
Le 26 septembre 2022, lorsque le convoi retour du ravitaillement de Djibo se fait attaquer à hauteur de GASKINDE où plusieurs soldats et civils ont trouvé la mort, c’est l’USIGN qui a été dépêchée pour aller se mettre à la tête des unités militaires engagées pour le ratissage afin de récupérer les corps et les portés-disparus.
Dans la région de l’Est, l’antenne de l’USIGN déployée à Fada dénommée « PANGA » a mené conjointement avec les unités COBRA, dix-neuf escortes pendant deux années qui ont permis de ravitailler tous les villages entre FADA et TAWORI. Pendant ces escortes, l’USIGN a toujours été placée à l’avant du dispositif pour traiter les Engins Explosifs Improvisés (EEI) afin de permettre aux autres unités d’escorter les camions. 126 EEI ont été enlevés ou neutralisés lors de ces missions. Malheureusement, d’autres ont explosé tuant neuf (9) opérateurs de l’USIGN et faisant plus de 15 blessés. Face à cette attrition, l’USIGN a demandé un véhicule blindé et le renforcement de ses armes collectives (PKMS et mortiers essentiellement) pour mieux assurer sa protection au même titre que leurs collègues des unités COBRA qui disposaient de cet armement. Jusqu’à ce jour, rien ne leur a été accordé. Néanmoins, elle a continué à exécuter les missions dans le cadre de lutte contre le terrorisme. Ainsi, elle a été projetée à OUGAROU le 27 Avril 2023 suite à l’attaque du détachement pour effectuer le ratissage et tenir la position en renfort. Elle a profité pour mener à succès des missions de ratissage de bases terroristes dans la zone en coordination avec les frappes de drone. Elle y est restée pendant plusieurs mois en appui au détachement militaire.
Par ailleurs, suite à la tentative d’assiéger la ville de KOMPIENGA et aux appels récurrents des populations pour sauver leur ville, l’USIGN y a été déployée pour appuyer le détachement militaire. Le résultat, vous le connaissez. Les groupes terroristes ont été repoussés, plusieurs attaques terroristes repoussées.
Grosso Modo, courant l’année 2023, pendant que certains activistes traitent la Gendarmerie de ne pas être engagée dans la lutte aux côtés des autres forces, l’USIGN a été engagée dans des missions à KANTCHARI, TAWORI, BOGANDE, KOMPIENGA, ZEKEZE, FOUTOURI, BITTOU, CINKANSSE, SOLENZO, DASSA, OUO et j’en passe. En ce moment même, l’unité est toujours déployée dans plusieurs zones à travers le pays. En plus de cela, elle doit assurer la veille à Ouagadougou pour parer à toute attaque terroriste qui pourrait y survenir. Imaginez donc le rythme de travail infernal que subissent les hommes qui la composent. Si vous voulez mieux connaitre la teneur de leur servitude, approchez leurs femmes et leurs enfants ! Vous comprendrez qu’il faut alors jeter à la pierre à ceux qui se cachent derrière des caméras pour insulter des hommes d’honneur. Pour votre gouverne, l’USIGN a perdu une trentaine de combattants sur le champ de bataille avec une cinquantaine de blessés par balles dont je fais d’ailleurs partie. Certains des blessés ont été amputés de leurs jambes ou de leurs bras et d’autres trainent des séquelles irréversibles. Cela représente à peu près un tiers des opérationnels de l’Unité
En fait, L’USIGN est employée au même titre que les Forces Spéciales de l’Armée de terre. En dehors des opérations spéciales, elle a plusieurs fois renforcé des détachements militaires en détresse. Elle a toujours été le fer de lance lors des grandes opérations telles que les opérations OTAPUANOU, DOOFU ou récemment l’Opération FELEHO pour la reconquête de SOLENZO.
La plupart des actions de la Gendarmerie ne font pas l’objet de communication spécifique par elle-même. Au nom de l’unité d’action, les actions de la Gendarmerie dans le cadre du terrorisme sont communiquées par la Direction de la Communication des Armées (DCRPA). Ainsi, la plupart du temps cela sème la confusion. Ayant remarqué que les populations ne sont pas entièrement informées de la partition jouée par la Gendarmerie, le Chef d’Etat-Major de la Gendarmerie a demandé l’autorisation de communiquer à travers la direction de la communication de la Gendarmerie. Elle attend toujours cette autorisation. Cette requête légitime ne vise pas à diviser mais plutôt à mieux légitimer l’action de la Gendarmerie aux yeux du peuple.
Peuple du Burkina Faso, voici donc récitée une partie du travail abattu par l’Unité Spéciale d’intervention de la Gendarmerie depuis sa création. Vous aurez remarqué qu’elle a gardé son rythme de travail depuis l’époque du président Roch Kaboré jusqu’au régime actuel en passant par le président DAMIBA sans regarder la couleur du régime. D’ailleurs le rythme de travail a bel et bien augmenté avec l’arrivée du pouvoir actuel et nous avons toujours répondu présent. Nous faisons notre travail dans un cadre militaire et en dehors de toute considération politique. Je ne laisserai donc pas des individus mal intentionnés venir raconter des mensonges au peuple pour nous décrédibiliser. Si c’est le sable qui a dit à cet activiste que l’USIGN a été formée par des mercenaires, alors le sable a menti. Et comme le vrai sable ne ment pas, c’est donc lui qui a menti. Qu’il m’apporte la preuve de ce qu’il avance. Moi je jure devant le peuple et sur la terre des ancêtres sur laquelle se reposent mes grands-parents et les éléments de l’USIGN tombés avec conviction pour défendre cette terre, que nous n’avions jamais été formés un seul jour par un mercenaire. Nous sommes des républicains et nous l’avons toujours été. Les partenaires avec qui nous avons toujours travaillé sont connus et ont toujours été envoyés et autorisés par le pouvoir en place de manière officielle. Donc de grâce, messieurs les activistes, faites votre politique mais laissez-nous-en dehors de ça. Allez y demander aux populations et aux VDP qui ont travaillé avec nous, ils connaissent notre valeur. Le vrai peuple du Burkina Faso connait la valeur de la Gendarmerie. Donc SVP, ne mentez pas sur le dos du peuple et surtout ne sacrifiez pas sur l’autel de vos intérêts égoïstes d’honnêtes burkinabés qui ont consacré toute leur vie pour vous protéger. Certains sont morts laissant leurs femmes et leurs enfants. Ils ne méritent pas cela. Et la terre juste du Burkina ne vous le pardonnera jamais. Si j’ai appris au fil du temps, des leçons de vie, surtout lors de cette dizaine d’années passées dans une unité spéciale, côtoyant les risques au quotidien et traversant les crises, c’est que la vérité triomphe toujours tôt ou tard.
Je suis un officier avec des convictions. Je suis resté loyal à mon chef et dans l’ombre pendant toutes ces années en faisant mon travail avec sacerdoce, en adéquation avec mon éducation et mes valeurs. Je n’ai jamais monnayé mon engagement par un avantage quelconque qu’il soit en nature ou en espèce. Mes hommes aussi. Nous sommes recrutés sur volontariat, nous passons un processus de sélection rigoureux de plus de 6 mois pendant lesquelles nous avions le choix de partir. Et même quand nous sommes admis, nous avons le choix de quitter à tout moment. Si nous y sommes restés pendant plusieurs années, c’est par conviction et par fidélité à la famille que nous constituons. Jusqu’en 2018, l’USIGN ne bénéficiait d’aucune prime liée à son statut, ni aux opérations. Les seules fois que nous avions reçu de l’argent des autorités, c’est lorsqu’elles venaient nous féliciter après nos missions à succès. Elles nous offraient des enveloppes symboliques dont la valeur tournait autour du million. Prenez donc un ou deux millions et divisez par 100 personnes. Vous comprendrez ce que chacun pouvait avoir. A part cela, nous n’avons rien reçu comme avantage en espèces ou en nature de la part des autorités pour le travail que nous faisons. Nous travaillons par conviction et par patriotisme.
Maintenant permettez-moi de rétablir un certain nombre de clichés invoqués par les détracteurs pour salir l’image de la Gendarmerie pour tirer les choses au clair. Certains disent que la Gendarmerie était la garde prétorienne du régime ROCh Kaboré et que le régime lui a donné toutes ses faveurs. D’abord, beaucoup ont chanté que c’est la Gendarmerie qui a remplacé le RSP.
Je rappelle que c’est plutôt le GSPR qui était la garde présidentielle et qu’il était composé de l’Armée de terre de la Police et de la Gendarmerie. L’Armée de terre disposait du plus grand effectif ainsi que des moyens de défense lourds : véhicules blindés, armement collectifs. En réalité, c’était la garde rapprochée qui posait problème à cause des avantages financiers constitués notamment des frais de mission à l’intérieur et à l’extérieur. Ce qu’il faut savoir, c’est que toutes les autres forces participaient aux missions extérieures même si elles ne faisaient pas partie de la garde rapprochée. C’était le compromis trouvé par le commandant GSPR pour satisfaire les égos et les intérêts de certains, bien que tous savaient que cette pratique n’était pas du tout professionnelle et pouvait constituer un grand danger pour la sécurité du chef de l’Etat. Dites-moi alors, en quoi est ce que le GSPR constituait un avantage pour la Gendarmerie ? D’ailleurs le coup d’Etat du président DAMIBA est venu mettre à nu la faiblesse de la Gendarmerie au sein du dispositif dont les éléments ont, par déontologie professionnelle, pris le risque d’exfiltrer l’autorité pour le sécuriser. Il en a résulté les incidents de tir sur l’escorte présidentielle avec plusieurs gendarmes blessés. C’est ça la déontologie du gendarme, il accomplit sa mission quoi qu’il en coute.
Ensuite, certains évoquent l’USIGN comme ayant bénéficié de toutes les faveurs du pouvoir à l’époque qui l’a équipée avec de l’armement lourd. Le General MINOUNGOU Moise, ancien Chef d’Etat-Major General des Armées pourrait certainement témoigner. En tant que commandant adjoint, j’étais allé le voir à l’insu de mes chefs pour demander un renfort en armement au regard des risques énormes que nous prenions sur le terrain par manque d’armes collectives. Ayant apprécié ma démarche, il viendra visiter l’USIGN une semaine plus tard avant d’ordonner de renforcer notre matériel. Il m’a même avoué qu’avec les résultats que nous avions, lui-même ne pouvait pas s’imaginer que nous étions aussi dénués d’équipements.
Au final, de quoi la Gendarmerie a-t-elle réellement bénéficié sous l’ère du président ROCh Kaboré ? Rien de spécial. Elle a plutôt bien joué son rôle de gardienne des institutions, si bien que certains détracteurs, jaloux de sa réussite, ont fait de sa dissolution le centre de gravité de leur lutte ultime. Certes, avouons-le, la Gendarmerie espérait obtenir son autonomie. Soit, mais en quoi cette aspiration n’est-elle pas légitime ? Elle vise à lui octroyer les moyens nécessaires pour mieux s’organiser et une liberté d’action pour être plus efficace au service des populations. En quoi cela est-il un crime ? Une gendarmerie autonome et indépendante ne se fera pas au détriment d’une autre force, mais profitera aux populations et à l’Etat lui-même.
Si vous refusez de comprendre cela, permettez-moi de vous rappeler le rôle joué par la gendarmerie dans toutes les crises qu’a connu le Burkina Faso. En 2006, elle a joué un rôle d’interposition entre l’armée de terre et la Police pour minimiser les dégâts des affrontements. En 2011, elle a été la seule force qui a réussi à contenir la mutinerie, à accueillir et sécuriser un grand nombre d’autorités militaires qui fuyaient la furie de leurs hommes. En 2014, elle a évacué les députés de l’Assemblée Nationale et un grand nombre de membres de gouvernement pour les protéger de la foule lors de l’insurrection populaire. En 2015, elle a joué un rôle capital dans le Contre-Putsch pour aboutir à la mise en place de la transition. De 2016 à 2018, elle a été principalement engagée lors de toutes les attaques terroristes dans la capitale pour limiter les dégâts. Lors des deux coups d’Etat, elle a sécurisé les autorités politiques pour préserver leur sécurité. Cela montre qu’au fil de l’histoire, la Gendarmerie a toujours constitué un rempart pour toute catégorie de personnes : civils, policiers et militaires. Elle a toujours ouvert ses portes dans les moments difficiles à toute personne en détresse, même celles qui auparavant la dénigraient ou qui exerçant une quelconque autorité, se comportaient envers elle avec condescendance. La Gendarmerie a toujours constitué un gage de stabilité dans l’histoire du Burkina même plus lointaine. Ceux qui ne le savent pas et qui demandent sa dissolution, ce sont ceux qui veulent plutôt le Chaos au Burkina.
Dans la lutte contre le terrorisme, je voudrais aussi rappeler que les derniers détachements au Nord qui ont résisté le plus longtemps aux attaques terroristes sont ceux de la Gendarmerie à OURSI, ARBINDA et INATA. Ils ont subi plusieurs attaques mais l’ennemi n’a pas pu les déloger. Renseignez-vous comment elle caracolait pour tenir ses détachements dénués complètement d’équipements. Combien d’attaques terroristes les GARSI ont-ils repoussées et combien de bases ont-ils démantelés. Allez-y a ARBINDA, et demandez-leur qui sont les gendarmes et vous aurez une réponse impartiale et venant des hommes du terroir, ceux qui subissent vraiment les affres du terrorisme. Allez à TANWALBOUGOU ou à PAMA et demandez-leur la valeur du gendarme. Allez-y à Kaya et renseignez- vous sur le rôle joué actuellement par l’ESRI (L’Escadron de Sécurité Routière et d’intervention) de la Gendarmerie et dont personne n’en parle. Je ne parle pas des Brigades et des Postes qui sont restés dans des zones rouges aux cotés des populations souvent en effectif d’à peine quinze personnes. Pendant très longtemps, la Gendarmerie a dû batailler pour qu’on puisse leur octroyer des primes d’opérations. Imaginez-vous un gendarme affecté à la Brigade de BOUNDORE ou au poste de TANKOUGOUNADIE dans le YAGHA, on lui refuse la prime d’opération. Cependant, le militaire qui quitte DORI pour un séjour de trois mois là-bas est payé d’une prime d’opération pour son séjour. Voici les types d’injustices qui nous vivons et dont on nous demande de fermer nos gueules.
Permettez-moi de prendre des exemples de certaines frustrations vécues par la Gendarmerie en 2023, les mois passés. Nos 13 Elèves officiers issus des rangs en fin de formation à l’Académie militaire ont été notifiés qu’ils rejoindront tous l’Armée de Terre bien qu’ils devaient revenir servir leur corps d’origine. Il a fallu une longue négociation du CEMGN pour obtenir leur retour à leur base. Un mois plus tard, 106 Elèves officiers d’Active en fin de formation sont nommés Sous-lieutenant. A leur recrutement, il était prévu 30 officiers à reverser à la Gendarmerie. Au final, 5 officiers sur 106 ont y été mutés. Pour couronner le tout, le nouveau concours interne pour les sous-officiers prévoit les quotas suivants : Armée de terre : 48 places ; Gendarmerie : 4 places. Comment peut-on expliquer ce traitement ou plutôt ces foutaises envers l’institution ?
Qu’a-t-elle fait pour mériter cela ? Pendant qu’on lui laisse recruter 3000 gendarmes auxiliaires, on refuse de lui donner des cadres pour les commander. Et lorsque nous voulons demander des comptes, on nous traite de semeurs de troubles et de ségrégationnistes. On veut faire croire au peuple que c’est nous les bourreaux alors que nous sommes les victimes.
Je suis à ma dixième page, je pourrai écrire une centaine de pages sur le rôle joué par la Gendarmerie au service du peuple et du Burkina Faso. Mais, je ne doute pas que le vrai peuple, les vrais patriotes, connaissent la valeur de la Gendarmerie. Ils ne doivent pas se laisser manipuler par des ignorants et des comploteurs instrumentalisés sur les réseaux sociaux.
Mon écrit ne vise pas à décrédibiliser une armée ou une institution sœur. Je suis pleinement conscient qu’en parlant de nos actions, certains se sentiront concernés indirectement. Je respecte l’engagement de chacun que je salue à sa juste valeur. Je suis un militaire cosmopolite, fantassin parachutiste au début de ma carrière, gendarme par la suite engagé dans une unité spéciale et travaillant la plupart du temps aux côtés des autres Forces. Mon petit frère qui est à la Police, pourrait vous dire que c’est moi qui lui ai conseillé de faire le concours de la Police et combien je respecte cette institution sœur. Je suis un Burkinabé et j’aime mon pays. Je suis convaincu que c’est ensemble que nous allons vaincre l’ennemi. C’est pour cela que j’ai toujours placé le pays au-dessus de ma personne et de mes propres intérêts. Alors, peuple du Burkina Faso, je dis et je répète, la Gendarmerie est engagée à vos côtés, l’USIGN n’a jamais été au contact d’un quelconque mercenaire et ne s’est jamais mêlé à la politique. Si vous vous laissez manipuler et vous vous en prenez à cette noble institution qui vous a protégé depuis tant d’années, vous regretterez les conséquences plus tard. Et cet écrit sera là pour vous le rappeler. Si vous semez des graines de la division, vous allez récolter des fruits de haine et de chaos.
Vive l’USIGN,
Vive la Gendarmerie,
Vive toutes les FDS et VDP,
Vive le peuple burkinabé libre et conscient !
A bas les manipulateurs et les comploteurs !
Dieu protège le Burkina Faso.
LA PATRIE OU LA MORT NOUS VAINCRONS !
Recent Comments
Un message, un commentaire ?