Le Conseil des ministres est une formation collégiale réunissant l’ensemble des ministres (les secrétaires d’Etat peuvent y siéger si nécessaire). Il se veut une manifestation de l’unité gouvernementale. Décryptage du contenu d’une décennie de ces rendez-vous hebdomadaires dont la publication du compte rendu est attendue des Burkinabè

Le Conseil des ministres du Burkina Faso se réunit, sous la présidence du président du Faso, une fois par semaine, le plus souvent le mercredi (comme en France… peut-être faut-il y voir le caractère hérité de cette tradition républicaine ?), au palais présidentiel de Kosyam. Le président et le premier ministre déterminent conjointement son ordre du jour.
Le Conseil se réunit pour
1) « délibérer sur les dossiers inscrits à l’ordre du jour,
2) « entendre une communication orale et
3) procéder à des nominations. Le premier temps est généralement consacré aux textes de portée générale – projets de loi, ordonnances, décrets – pour lesquels une délibération du Conseil est nécessaire. Le deuxième temps est généralement consacré à l’exposé d’un ministre qui peut présenter l’état d’avancement d’une réforme, d’un projet autre que législatif, d’un programme, d’un plan d’action, d’une opération, etc. dont il a la charge. Le président peut se saisir de ce temps pour solliciter l’avis des participants sur un point particulier. C’est aussi le moment où le ministre des affaires étrangères fait une communication sur les dossiers diplomatiques en cours. Enfin, dans le troisième temps sont abordés les décisions individuelles, essentiellement les nominations des hauts fonctionnaires.
A la fin du Conseil des ministres, le secrétariat général du gouvernement publie un communiqué du Compte rendu du Conseil des ministres.
Le graphique ci-après présente l’évolution de deux groupes de marqueurs langagiers de l’activité gouvernementale telle qu’elle se donne à voir à travers les comptes rendus des conseils des ministres du Burkina Faso au cours de la décennie 2008-2017.

Le groupe sémantique « projets de loi, décrets, ordonnances » modélise en quelque sorte le premier temps des conseils de ministres, celui consacré à l’examen et à l’adoption éventuelle de textes de portée générale.
Quant au groupe sémantique « autres projets, programmes, plans, avancement des réformes », il modélise l’évocation de l’action plus spécifique et concrète du gouvernement (deuxième temps du Conseil des ministres).
J’en retiens trois constats :
Premier constat : le premier groupe sémantique a dominé de façon significative le second groupe tout au long de la décennie 2008-2017.
Deuxième constat : entre 2012 et 2015 on peut observer une augmentation continue et significative du groupe sémantique relatif aux textes généraux soumis à délibération. Le pic de 2015 est en la matière la « marque » d’une forme de dynamisme créatif du gouvernement transitoire du tandem Kafando-Zida. Mais, ainsi que le montre le graphique ci-dessus, cette séquence est aussi marquée par une diminution continue et significative de l’évocation de la dimension de l’action concrète et spécifique des différents gouvernements concernés.
Enfin, troisième constat : entre 2015 et 2017 la mise en scène de « textes de portée générale » a d’abord significativement diminué (2015-2016) puis s’est stabilisée (2016-2017). En revanche, sur le versant de la référence à l’action gouvernementale concrète et spécifique, on note une timide inflexion haussière en 2017. Cela va-t-il continuer en 2018 ? On ne demande qu’à voir….
En attendant, je vous invite à revenir sur kaceto.net pour lire le deuxième décryptage des comptes rendus des conseils des ministres du Burkina Faso. Il sera entièrement consacré au troisième temps des réunions gouvernementales : celui des nominations des hauts fonctionnaires.

Ousmane SAWADOGO, expert en Text Mining et Web Content Mining
Kaceto.net