Le candidat sortant, Denis Sassou N’Guesso a été déclaré vainqueur dès le premier tour de l’élection présidentielle du 21 mars 2021, une victoire contestée par l’opposition.

"La seule incertitude est quel score Monsieur Sassou demandera à la Commission électorale prétendument indépendante de lui attribuer", avait ironisé le romancier congolais Emmanuel Dongala, pourfendeur, comme son compatriote Alain Mabanckou, du régime hyper-présidentialiste incarné par le président Denis Sassou N’Guesso. Il n’avait pas tort. Hier, la Commission électorale indépendante a publié les résultats provisoires de l’élection présidentielle qui s’est déroulée dimanche 21 mars. Sans surprise, le président sortant réalise un coup KO en réunissant sur son nom 88,57% des suffrages exprimés, très loin devant Guy-Brice Parfait Kolélas, 60 ans, décédé lundi matin en France où il avait été évacué dans un avion médicalisé pour y recevoir des soins contre la Covid-19, avec 7,84%. Ancien ministre des Finances de 1997 et 2002 au retour au pouvoir de Denis Sassou à l’issue d’une guerre civile, Mathias Dzon n’a recueilli que 1,90% des suffrages exprimés.
Les autres candidats, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, ancien officier de l’armée, Albert Oniangué, inspecteur des douanes, Anguios Nganguia Engambé et Dave Mafoula, complètent la liste d’arrivée avec chacun un score microscopique, moins de 1% ! Les résultats provisoires seront bien évidemment confirmés par la Cour constitutionnelle, au grand désespoir des concurrents de Denis Sassou Nguesso et des Congolais, peu nombreux, qui espéraient qu’une alternance se produirait, comme 1992 au sortir de la Conférence nationale souveraine. Soutenu par Denis Sassou N’Guesso, éliminé dès le premier tour, Pascal Lissouba avait, on s’en souvient, remporté la présidentielle au deuxième tour avec 61,32 % des voix contre 38,68 pour Bernard Kolelas.
Mais voilà, une fois installé, le Pascal Lissouba, professeur de génétique, tourne le dos aux accords conclus avec Sassou N’Guesso. Ecarté de la gestion du pouvoir, ignoré, ce dernier s’exile volontairement à France où il passe des jours ennuyeux, attendant l’heure de la revanche. A l’approche de la présidentielle de 1997, un profond désaccord entre les partis politiques sur l’organisation pratique du scrutin débouche sur une guerre civile. Aidé par la France de Jacques Chirac et l’Angola de Dos Santos, Denis Sassou N’Guesso prend le pouvoir dans un pays en ruine, particulièrement la capitale, Brazzaville.
Depuis lors, cet ancien officier de l’armée, qui avait déjà présidé le pays entre 1979 et 1992, a su manœuvrer, entre manipulations des urnes, intimidation, voire violence physique et psychologique contre ses adversaire pour conserver le pouvoir.
Pour lui avoir sérieusement défié dans les urnes en 2016, le Général Jean-Marie Mokoko et André Okombi Salissa ont été arrêté, jugés et condamnés à 20 ans de prison, pour parait-il, "atteinte à la sûreté de l’État".
Depuis 1997, Denis Sassou N’Guesso, 77 ans, règne à Brazzaville, incarnation d’un pouvoir absolu dans ce pays d’Afrique centrale de quelques 3,5 millions d’habitants.
Un autre Général, Ferdinand Mbaou, exilé en France, ne se fait guère d’illusion sur les ambitions monarchiques du natif de Oyo. "Ce scrutin est nul et non avenu et je ne reconnais pas Denis Sassou N’Guesso en tant que président du Congo. Pour moi, les choses sont claires, il ne quittera jamais le pouvoir par la voie démocratique", a t-il confié à des confrères congolais à Paris.

Dominique Koné
Kacetro.net