L’offre de Mobile money YUP devrait s’arrêter dans les sept pays africains où elle est développée. La Société Générale, arrivée tardivement dans cette activité, pourtant en forte croissance sur le continent, n’a pas su rentabiliser sa structure.

L’information devrait être bien vite officialisée, la Société Générale entend mettre fin à son offre de Mobile money YUP. En raison du poids de la concurrence, et en attendant d’autres initiatives stratégiques, le groupe français « suspend » les activités de ses filiales Yup dans les sept pays africains où elle est développée.

Au Sénégal, Wave développe un modèle basé sur une commission forfaitaire de 1% sur chaque transaction nationale ; difficile de rivaliser devant un coût si attractif. Seul Sonatel (Orange) semble en mesure de le faire.

Soit le Sénégal, le Ghana, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, Madagascar, la Guinée. Peut-on y voir le signe d’une redistribution des cartes dans le Mobile money, dominé par quelques Fintech comme Wave, au Sénégal ?

Où y voir le signe que les leaders de cette industrie ne font guère de place aux autres et que le seuil de rentabilité est plus élevé qu’escompté ?

En effet, selon la Société Générale, le modèle économique de YUP n’était plus viable depuis quelque temps déjà.

Le groupe se défait donc d’une structure qui avait pour finalité de participer à l’inclusion financière devenue un pan important de l’économie en Afrique subsaharienne.

Les salariés s’inquiètent. Sur ce point, les dirigeants des filiales africaines ne veulent pas entrer dans les détails, mais semblent indiquer que des propositions de reclassement seront faites aux collaborateurs qui œuvraient spécifiquement à Yup.

Quelques organes de presse indiquent qu’un millier d’emplois serait menacé en Afrique, mais cette estimation paraît très exagérée. Au Sénégal, « il s’agit plutôt de quelques employés à qui nous allons faire des propositions alternatives pour les accompagner », explique une porte-parole.

Un modèle non viable

En 2020, Manko, une autre filiale de la Société Générale du Sénégal, avait également cessé ses activités ; il s’agissait là de couper une « branche pourrie » par des malversations. Rien de tel avec Yup mais visiblement, la « SG » a des difficultés récurrentes dans le transfert d’argent en Afrique.

Deux grands concurrents pourraient en profiter : Wave (au Sénégal notamment), NTM (au Cameroun et en Afrique centrale), et Orange Money, dans plusieurs pays. Sans compter les nombreuses initiatives de Mobile money qui fleurissent en Afrique, de manière indépendante ou plus sûrement dans le giron de groupes bancaires tel Ecobank.

Au Cameroun, le directeur général de la filiale a confirmé les craintes, dans une lettre adressée aux salariés de la banque. « Malgré tous les efforts consentis par les équipes YUP, dans les sept géographies concernées, dont le Cameroun, pour développer nos parts de marché et améliorer l’expérience, le service n’a pas réussi à créer un modèle viable et les perspectives de marché ne nous permettent pas d’envisager son maintien. »

En dépit d’un marché en forte croissance donc, un peu partout en Afrique, l’offre YUP n’a pas séduit, du moins pas de manière à être assez rentable pour le banquier.

Car d’après les précédentes déclarations de la Société Général, YUP était en avance sur son business plan, en matière de clientèle. Elle revendiquait 1,8 million de clients en 2020, tandis que trois ans plus tôt, elle n’en espérait qu’un million à cette échéance.

Les premiers entrants dans le marché, adossés à un opérateur de téléphonie ou à un grand spécialiste international ont pris l’ascendant. Au Sénégal, Wave développe un modèle basé sur une commission forfaitaire de 1% sur chaque transaction nationale ; difficile de rivaliser devant un coût si attractif. Seul Sonatel (Orange) semble en mesure de le faire.

Au Cameroun, par exemple, Orange Money revendiquait 70% de parts de marché en juillet 2021, à l’occasion de son dixième anniversaire. Soit des transactions cumulées mensuelles de 800 milliards de F.CFA, rapporte le directeur d’Orange Money Cameroun, Emmanuel Tassembedo, au magazine Investir au Cameroun.

Que doivent faire les usagers ? Au Cameroun – les autres filiales n’ont pas encore communiqué sur ce point –, ils ont trois mois pour utiliser ou retirer leur solde de leur wallet. « En réalisant un paiement auprès d’un commerçant partenaire Yup ou en payant ses factures ou en achetant des crédits via leur application. »

Ils peuvent également se rendre chez un agent partenaire, utiliser un distributeur automatique ou se rendre en agence pour transformer leurs avoirs en espèces.

Le Magazine de l’Afrique