Le récent périple du président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, en Russie, loin des feux médiatiques habituels, suscite des interrogations quant à l’évolution des relations entre le Congo-Brazzaville et la Russie.
Cette visite a abouti à une rencontre avec le Président Vladimir Poutine, où des accords militaires ont été évoqués pour aider la RDC à faire face à la menace de la milice M23, soutenue par le Rwanda
Cependant, au-delà de cette assistance, des voix s’élèvent pour sonner l’alarme quant à une potentielle implication plus profonde du Congo-Brazzaville, pays voisin de la RDC, dans les affaires régionales, notamment au regard de ses relations avec le Rwanda.
L’hypothèse selon laquelle des terres congolaises sont cédées aux Rwandais à des fins agricoles semble perdre de toute sa crédibilité dans certains cercles diplomatiques internationaux.
Au contraire, une autre thèse prend de l’ampleur : celle d’une utilisation du Congo-Brazzaville comme base arrière pour l’armée rwandaise.
Cette perspective inquiétante est renforcée par le fait que les détails des accords entre les deux pays n’ont pas été divulgués ni examinés par les représentants du peuple au parlement congolais.
Un événement révélateur de cette dynamique est le refus catégorique du président burkinabè, Ibrahim Traoré, sollicité par les autorités congolaises pour servir de médiateur dans la crise diplomatique entre le Congo-Brazzaville et la Russie, qui couve encore sous les cendres et risque d’éclater d’ici peu, de recevoir un envoyé spécial du Président congolais Denis Sassou Nguesso.
Ce geste, perçu comme un désaveu, semble indiquer une prise de conscience au Congo-Brazzaville des risques liés à son implication dans un conflit régional.
En effet, tant que les accords conclus avec le Rwanda restent obscurs, le pays court le risque d’être entraîné dans une guerre qui ne serait pas la sienne.
Une autre préoccupation émerge quant à une possible intervention de la Russie à travers sa milice privée, la Wagner Group, réputée pour son recrutement dans les pays où elle opère.
Les régions de la Bouenza et du Pool, où le gouvernement de Brazzaville a cédé des terres au Rwanda, et qui servent de couloirs vers la République démocratique du Congo (RDC), pourraient devenir des viviers de recrutement pour cette milice, avec le risque que des jeunes Congolais soient enrôlés et armés pour défendre eux-mêmes les terres dont ils ont été dépossédés.
Face à cette situation délicate, le pouvoir de Brazzaville doit chercher une issue honorable.
La résiliation des contrats conclus avec le Rwanda apparaît comme une option nécessaire pour rétablir la confiance, tant au niveau national qu’international.
Cette démarche pourrait être légitimée par une décision de la Cour constitutionnelle, afin de donner une teinte de légalité à cette volte-face politique.
Au-delà des enjeux diplomatiques, cette crise met en lumière les fragilités démocratiques du Congo-Brazzaville.
Malgré l’ironie qui peut entourer cette démarche, une telle décision pourrait contribuer à restaurer la confiance entre le peuple congolais et leurs institutions, offrant ainsi une lueur d’espoir dans un contexte géopolitique incertain.
Serge Armand Zanzala,
Journaliste et écrivain
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